Mosquée du Cristo de la Luz (Mezquita Cristo de la Luz)
Calle Cristo de la Luz 22, 45002 Toledo, Espagne
Tolède est restée plus de trois siècles sous la domination des musulmans avant d’être conquise par les chrétiens à la fin du XIème siècle. Ils en firent leur capitale et elle le resta jusqu’au transfert de la cour à Madrid en 1561. La mosquée s’appela d’abord « Bab al-Mardum », du nom de la porte de ville proche, toujours visible aujourd’hui. Une inscription sur la façade principale permet de dater la construction de la mosquée en 390 de l’hégire soit en 999 après J-C, à une époque où le quartier était occupé par les palais des notables musulmans. L’édifice a été payé par l’une de ces familles sans que l’on sache si c’était pour un usage privé ou à l’attention de la population.
Le bâtiment a été construit en grande partie en briques, avec un plan carré de huit mètres de côté, divisé en trois nefs et trois travées réparties autour de quatre colonnes récupérées, dont trois ont un chapiteau wisigothique. Ces quatre piliers centraux portent des arcs outrepassés qui supportent neufs coupoles dont la centrale est plus élevée que les autres et percée de baies. Le plan choisi pour la mosquée serait un plan en T où la nef centrale et la dernière travée se croisent au niveau de la maqsura (espace réservé au souverain pour sa prière). L’accès à la salle de prière de la rue se faisait par trois baies. Les façades sont ornées d’un décor de motifs géométriques réalisé en jouant sur la disposition des briques et de la dédicace du commanditaire en caractères coufiques sur la façade principale.
L’abside est l’exemple le plus ancien de l’art mudéjar avec l’emploi de la maçonnerie et de la brique à Tolède et son auteur a clairement recherché à fusionner les deux architectures. Elle a été rajoutée lors de la transformation de la mosquée en chapelle dédiée à la Sainte-Croix par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean en 1187. L’intérieur fut ensuite probablement décoré de fresques dont il reste aujourd’hui une représentation du Christ pantokrator ou en majesté encadré par le tétramorphe.
L’édifice est communément appelé « Cristo de la Luz » d’après une légende qui remonte à la reconquête de la ville par les chrétiens. Lors de l’entrée du roi Alphonse VI dans la ville, le cheval du Cid Campeador (un chevalier, héros de la Reconquista) aurait refusé d’avancer plus loin que la mosquée et se serait agenouillé devant un mur en acte de dévotion à une image du Christ éclairé d’une lampe qui était restée emmurée pendant toute la période d’occupation musulmane. Ce bâtiment est tout simplement un des plus beaux exemples de l’art califal (mosquée) et de l’art mudéjar (abside rajoutée) en Espagne.
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