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Université de Salamanque (Universidad de Salamanca)
En face du Patio de Escuelas Menores, 37008 Salamanca, Espagne


 

Beaucoup de villes ont des traditions permettant au visiteur superstitieux, soit d’y revenir, comme à Rome en jetant une pièce dans la fontaine de Trevi, soit en lui portant chance, comme à Nuremberg en touchant l’anneau en laiton de la Belle-Fontaine. C’est dans cette seconde catégorie que peut se classer la grenouille de Salamanque car elle assurerait une réussite aux examens à tout étudiant réussissant à la trouver. Celle-ci est en effet dissimulée dans la façade du XVIème siècle de l’Escuelas Mayores, le bâtiment principal de l’université de Salamanque, fondée en 1218 par le roi Alphonse IX de Léon. Ce qui en fait une des plus vieilles universités d’Europe et la plus ancienne d’Espagne encore en activité (elle fut précédée par celle de Palencia qui a ensuite disparu au cours du XIIIème siècle).
Patio de Escuelas Menores

Patio de Escuelas Menores – L’université de Salamanque

Le bâtiment de l’Escuela Mayores a été construit entre 1415 et 1433, autour d’une cour centrale entourée de galeries. Il a ensuite subi de nombreuses transformations dont l’ajout d’une façade plateresque au début du XVIème siècle sur une partie de la façade principale de style gothique. Son décor très symbolique est à l’honneur des souverains qui ont soutenu l’université de Salamanque et l’enseignement. Il peut être partagé en trois niveaux horizontaux, dont les deux plus bas sont divisés en cinq sections verticales. Le tout est encadré par deux grands pilastres naissant au niveau de l’entrée. Cette dernière est composée de deux ouvertures jumelles couronnées par un arc en anse de panier (arc surbaissé obtenu composé de trois arcs de cercle). Ces arcs sont décorés par des frises végétales qui constituent la seule ornementation au niveau des portes avec celle des impostes (sorte de chapiteau à la retombée de l’arc).
La façade plateresque de l'université de Salamanque

La façade plateresque de l’université de Salamanque

Au-dessus des portes jumelles, le premier niveau de décoration est orné par quatre pilastres encadrant des motifs végétaux et un médaillon central. Celui-ci représente les Rois catholiques (titre accordé à Ferdinand d’Aragon et Isabelle-la-Catholique), avec une inscription en grec se traduisant « Les Rois à l’université et l’université aux Rois ». Ces deux souverains ont en effet entrepris de grandes réformes afin de moderniser les études à la fin du XVème siècle, d’où cet hommage posthume.
Le niveau du milieu est divisé par des pilastres, dans la continuité de ceux de la partie inférieure, dont trois sections sont occupées par un blason. Au centre, le plus grand est celui de Charles Quint, celui de gauche est orné par l’aigle à deux têtes, symbole de l’empire des Habsbourg et celui de droite par l’aigle de Saint Jean, symbole du royaume de Castille. Les deux sections aux extrémités sont décorées par un médaillon avec la représentation à gauche de Charles Quint et à droite, de sa femme Isabelle de Portugal, couple régnant à l’époque de la construction de la façade et tous les deux représentés à la mode romaine. Le reste de ce niveau est décoré par quatre coquilles encadrant le portrait d’un empereur romain, dont le roi doit s’inspirer comme modèle.
Le niveau supérieur est orné en son milieu par l’image d’un pape assis et entouré d’ecclésiastiques. Cela pourrait être la représentation de l’antipape Benoit XIII, grâce à qui l’université de Salamanque put se développer. Le reste du niveau est décoré par la représentation de dieux païens avec à droite, Hercule, allusion à l’effort et au travail intellectuel et à droite, Vénus, allégorie de la passion pour la connaissance mais que certains interprètent comme la représentation des vices.
La grenouille

La grenouille

Pour finir, revenons à la sculpture de la grenouille ou du crapaud, qui se trouve sur un des trois crânes ornant la partie basse du grand pilastre de droite. A l’époque, elle pouvait symboliser la métamorphose vers la plénitude ou bien la représentation du péché de la luxure et de la mort avec son association au crâne. Son but initial était donc de rappeler aux étudiants de bien se tenir dans une ville où le péché était présent partout. Aujourd’hui, elle a également le mérite d’amener le touriste non averti à observer avec attention cette façade, qui est un des chefs d’œuvre de l’architecture plateresque, un style gothique tardif assurant la transition avec la Renaissance et s’étant développé en Espagne dès la fin du XVème et tout le long du XVIème siècle.


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3 Comments

  1. […] cathédrales dont la nouvelle vous a été brièvement présenté dans cet article et  sur la grenouille dans la façade plateresque de l’université de la […]

  2. Daninon dit :

    Excellent commentaire. Même avec l’explication, j’ai eu du mal à localiser la grenouille. Merci

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