Ecole élémentaire (Volksschule)
Margaretenplatz, 2560 Berndorf, Autriche
Berndorf est une commune autrichienne d’environ 8800 habitants, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Vienne. Son histoire et sa renommée sont liées à l’usine sidérurgique fondée en 1843 par Alexander Schoeller et l’industriel Herman Krupp, ce dernier étant considéré comme le fondateur de la branche autrichienne de la dynastie des Krupp. L’entreprise produisit d’abord des couverts, des sabres et des baïonnettes, pour devenir rentable treize ans après sa fondation, puis voir son nombre d’employés augmenter rapidement: 1000 en 1870, 3000 en 1900 et jusqu’à 6000 en 1927. Le développement de l’usine entraina celui de la ville, qui est indissociable d’Arthur Krupp, le fils du fondateur, qui la transforma d’après les principes des phalanstères. Il fit construire des appartements pour les ouvriers, des maisons pour les cadres et de nombreux édifices (une école publique, une église, un théâtre et un établissement de bains). L’ensemble architectural symbole de cette période se situe sur les hauteurs de la ville, au sommet de la colline du Griesfeld. Situé au centre d’un lotissement planifié, cet ensemble est constitué de deux écoles symétriques, construites en 1908-1909 et situées de part et d’autre de l’église sainte-Marguerite, inaugurée en 1917 et imaginée par l’architecte Ludwig Baumann sur le modèle de la Peterskirche à Vienne.
L’église sainte-Marguerite de Berndorf a été construite sur le modèle de la Peterskirche à Vienne.
Deux écoles ont été construite de part et d’autre de la place de l’église. Ici l’ancienne école des garçons
Si les couverts de table de Berndorf font aujourd’hui la renommée de la ville en dehors de l’Autriche, les deux écoles jumelles sont certainement la principale curiosité de la ville. Construites en tant qu’écoles de garçons et de filles, elles sont aujourd’hui occupées respectivement par une école élémentaire et par un collège professionnel. Construites sur les conseils de l’architecte autrichien Ludwig Baumann, elles ont été financées par Arthur Krupp et ont la particularité d’avoir des salles de classes décorées dans un style architectural différent. En plus de l’ornementation, chaque pièce a reçu un bureau (pour l’instituteur), une chaise et une armoire dans le même style.
L’armoire, la chaise et le bureau de l’instituteur dans la salle dorique.
Du couloir, toutes les portes de classe sont identiques
Mais à l’intérieur chaque salle à son style: Ici l’architecture égyptienne
On retrouve dans chacune des deux écoles:
– une salle égyptienne (-2500/-1260), dont la porte et son encadrement sont une reproduction de la fausse porte de la chambre funéraire de Eimisi à Denderah en Haute-Egypte.
Poignée de porte de la salle égyptienne
Encadrement de la porte de la salle égyptienne
– Alors que la porte en bronze de la salle de classe dorique (-600/-338) est une copie de celle d’une tour à Mykäne.
La porte de la salle dorique
– Les murs de la salle pompéienne (-100/49) sont peints avec le rouge typique de la cité du Vésuve et le plafond est décoré de peintures d’après des dessins réalisés par l’architecte Theophil Hansen à Pompéi.
La salle pompéienne
– Dans la salle mauresque (786/1492), le plafond est une imitation de celui de l’église de l’université à Alcalá-de-Henares (aujourd’hui disparu) et le modèle du portail est la « porte d’or » à Cordoue. Il se compose de quatre colonnes individuelles en marbre dont les parties supérieures sont colorées (d’après des exemples à l’Alhambra). Quand à la porte, un tapis suffit à sa décoration.
La porte de la salle mauresque vue de l’intérieur.
– Le tympan du portail de la salle byzantine (500/840) est décoré de la croix orthodoxe.
– L’accès à la salle romane (1050/1250) se fait par une porte dont l’encadrement est une réplique du portail latérale de l’église du château de Třebíč.
– Le portail de la salle gothique (1180/1460) a pour modèle celui d’une église à Steinakirchen et à Ptuj.
La porte et l’encadrement de la salle gothique
– Les couleurs blanche, bleue et jaune d’or du plafond de la salle Renaissance romaine (1461/1580) sont les mêmes que dans le palais Massimo de Baldassarre Peruzzi à Rome. L’encadrement de la porte a pour modèle un autel dans la cathédrale de Pécs, quand à la décoration du tympan, elle est clairement inspirée d’œuvres de la famille florentine Della Robbia.
Salle de la Renaissance romaine. Le nom de chaque style est marqué sur le mur du tableau (Ici, nous pouvons par exemple lire: RÖM. RENAISSANCE 1461-1580)
La porte de la salle Renaissance romaine
– Le château de Versailles a servi de source pour la décoration de la pièce de style Louis XIV (1643/1715).
Le plafond de la salle rococo
– Pour la salle baroque (1580/1780), les artistes ont trouvé l’inspiration au palais du Belvédère à Vienne.
– C’est également dans la capitale autrichienne que se trouve le palais Modena, qui a servi de modèle pour la salle de style empire. Sur le mur du tableau, sont indiquées les dates 1804/1814, correspondant au sacre de Napoléon jusqu’à son abdication.
L’armoire de la salle de style Empire
– La douzième et dernière salle, la rococo (1720/1770), ne se trouve que dans l’école des garçons et sa décoration vient d’une pièce du château de Schönbrunn.
La porte de la salle rococo
Arthur Krupp voulait ainsi transmettre la connaissance de l’histoire de façon visuelle aux enfants. En plus de l’installation de douches dans les écoles (alors qu’à l’époque, beaucoup d’ouvriers n’en avait pas dans leur propre habitation) et d’un chauffage central, il a également crée le premier cabinet de dentiste scolaire dans l’empire austro-hongrois, dont l’accès était gratuit pour tous les écoliers. Cette école n’est donc pas seulement unique pour sa décoration mais aussi pour l’attention apportée à la santé des enfants.
Berndorf n’est pas très loin de la capitale autrichienne, qui est également très riche en surprise. Ainsi je vous conseille d’aller lire l’article sur les vestiges remplis de symbolisme de la plus vieille synagogue de Vienne, sur l’architecte qui s’est représenté dans une chaire à la fin du XVème siècle, sur une ancienne tour de DCA transformée en aquarium, sur une villa liée à deux grands artistes autrichiens, ou encore sur une machine à habiter.
Les fans de Gustav Klimt sont servi avec son unique autoportrait,et la représentation de ses peintures disparues à l’université.