Façade de la préfecture du Puy-de-Dôme donnant sur le boulevard Desaix
63000 Clermont-Ferrand
L’entreprise Michelin est étroitement liée à la ville de Clermont-Ferrand. Fondée en 1889 suite à la reprise de la fabrique de machines agricoles « Barbier, Daubrée & Cie » par André Michelin, elle s’est d’abord développée grâce aux courses cyclistes qui ont permis de démontrer l’efficacité des pneus démontables de la marque (Paris-Brest-Paris en 1891 et Paris-Clermont-Ferrand en 1892). A la fin du XIXème siècle, les frères Michelin se sont ensuite intéressés aux voitures à chevaux et aux fiacres puis ont développé leurs propres prototypes d’automobile car aucun constructeur de l’époque ne voulait alors équiper leurs modèles avec des pneus. C’est de nouveau une course (Paris-Bordeaux-Paris en 1895) qui a permis à l’entreprise de faire ses preuves et elle mit en vente ses premiers pneus pour automobile l’année suivante bien que peu de voitures fussent alors en circulation en France. La suite sera une succession d’innovations (jante amovible, pneu avec fil d’acier…) et de courses durant lesquelles la marque a prouvé leur efficacité. L’entreprise s’est alors rapidement développée en France et à l’étranger et les cités ouvrières fleuriront dans Clermont-Ferrand, façonnant la ville au rythme de l’accroissement de l’entreprise. Cette dernière s’est également préoccupée du bien-être de ses salariés en créant des écoles, des colonies de vacances ou encore l’Association Sportive Michelin, qui deviendra l’AS Montferrand en 1922.
C’est dans ce contexte que commence la construction d’une nouvelle préfecture dans le centre historique de Clermont, non loin de la place de Jaude. Le préfet était installé depuis 1791 dans l’ancien couvent de Cordeliers qui fut ensuite plusieurs fois agrandi et transformé au cours du XIXème siècle. Le projet du nouveau bâtiment est confié en 1913 à l’architecte François Clermont qui réalisa un édifice néoclassique en pierre de Volvic, pierre reconnaissable à sa couleur noire et ayant servi à la construction de la majorité des grands monuments de la ville. De l’édifice achevé en 1923, citons rapidement la grille d’honneur en fer forgé d’Auguste Bernardin et les vitraux de la salle du conseil du maître verrier Adrien Baratte, pour nous attarder plus longuement sur la façade principale donnant sur le boulevard Desaix. De deux étages avec combles à mansardes et avec un portique en rez-de-chaussée, son extrémité nord est marquée par une avancée plus haute et couronnée par un fronton. Sa façade est décorée par quatre colonnes corinthiennes encadrant les fenêtres et la porte centrale et portant quatre cariatides dont une n’est surement visible que dans cette ville. Ces sculptures inspirées de l’antiquité sont l’œuvre de Paul Graf et sont les figures allégoriques de la Justice, du Commerce, des Eaux Minérales et de l’Agriculture. A une époque ou l’activité de l’entreprise Michelin rythmée la vie clermontoise, le sculpteur a donc choisi d’accompagner l’image du commerce habillée à l’antique d’un pneu à crampons!