Non loin du lac de Neusiedl, deuxième plus grand lac de steppe en Europe centrale, à environ une heure de Vienne, se trouve le château de Fertöd ou Esterháza, surnommé le « Versailles hongrois ». C’est d’ailleurs après une visite du palais français au début des années 1760, que le prince Nicolas Ier Esterházy décida la construction de l’édifice actuel, chef d’œuvre de l’architecture baroque en Europe centrale. Le site a pour point commun avec Versailles son occupation antérieure par un pavillon de chasse familial datant du règne du père: édifié en 1720 sous Joseph Esterházy en Hongrie et en 1623 sous Louis XIII en France. Si Louis XIV a fait construire « son » château avec la volonté de garder au maximum le bâtiment de son père, l’édifice hongrois a totalement disparu dans la reconstruction du palais, de 1764 à 1768 selon les plans de Menyhért Hefele, Miklós Jacoby et Johann Ferdinand Mödlhammer.A l’époque à environ six heures de la capitale impériale autrichienne, Nicolas Ier Esterházy « dit le magnifique », voulait en faire un haut-lieu de la scène culturelle en Europe, ce que lui permettait sa fortune, une des plus grandes de Hongrie. En plus de l’édifice de 126 salles, il fit dessiner un ensemble de 230 hectares de parcs et de jardins, accueillant entre autre une salle d’opéra et un théâtre de marionnettes. Le château se compose d’un bâtiment principal, plus haut que le reste du bâti, depuis lequel partent deux ailes en pseudo arc de cercle, entourant ainsi la cour d’honneur qui est fermée dans son axe par des grilles en fer forgé, un des chefs d’œuvre de cet art en Europe.
La grille du château, chef d’œuvre de l’art du fer forgé
La cour du château
L’escalier principal permettant d’accéder aux salles de représentation
L’escalier principal extérieur, reprenant sensiblement la forme d’un fer à cheval et orné de chérubins, permet d’accéder aux salles de représentation du premier étage. Mis à part l’absence de l’escalier, la façade du corps de bâtiment principal côté jardin, mise en avant par le retrait du départ des deux ailes, reprend sensiblement le même ornement.
La façade du château côté parc
La salle d’honneur
Le premier étage est occupé par la salle de musique et la salle d’honneur dont le plafond est orné d’une fresque représentant Apollon sur un quadrige dans le ciel. Les murs blancs, ornés de dorures, étaient initialement décorés de peintures avec des scènes de la mythologie grecque. Sous ces deux pièces se trouve la sala terrena (salle récurrente dans les palais du XVIIIème siècle), pièce la plus vaste du château, de plein pied avec les jardins et sensée rappeler une grotte permettant de faire rentrer la nature à l’intérieur du bâtiment, elle permettait de se rafraichir l’été. Ses voutes sont décorées de peintures représentant des anges dansants avec des guirlandes de fleurs.
Le plafond de la salle d’honneur et sa peinture représentant Apollon sur son char.
La sala terrena (symbolisant une grotte)
Dès son inauguration, le domaine fut un des haut lieux culturels de l’empire autrichien: des opéras et des concerts étaient donnés presque quotidiennement et Joseph Haydn, qui a servi les Esterházy pendant pratiquement 30 ans, y a habité et y a probablement composé la plupart de ses œuvres. L’impératrice Marie Thérèse d’Autriche aurait d’ailleurs dit « Si je veux entendre un bon opéra, je dois aller à Esterháza ». Cette période faste pris fin avec la mort de Nicolas Esterházy en 1790 et ses descendants, alors fortement endettés, décidèrent de s’installer dans une autre propriété à Eisenstadt. Il ne fut réoccupé qu’un siècle plus tard avant d’être abandonné puis saccagé et pillé pendant la seconde guerre mondiale. Sa rénovation a commencée dès les années 50 et a permis de redécouvrir une bonne partie de l’ornementation originelle cachée par les décors du XIXème siècle. Si certaines parties du château ont complétement disparu comme la chambre de Joseph Haydn et le jardin d’hiver, d’autres comme l’opéra ont pu être reconstruites. La chapelle a d’ailleurs été récompensée par le prix « Europa Nostra », récompensant chaque année le meilleur projet de restauration en Europe.
Autres pièces du château non décrites dans l’article:
La chambre chinoise (thème fréquent au XVIIIème siècle)
L’autel de la chapelle
La coupole de la chapelle
Découvrez le mont du Calvaire artificiel construit à Eisenstadt, fief des Esterházy.
A une quinzaine de kilomètres se trouve le mausolée des Széchenyi, construit par une autre grande dynastie hongroise.