La basilique de Maxence (ou de Constantin) est considérée comme le dernier grand monument public édifié dans la Rome antique. Elle a été construite au début du IVème siècle par l’empereur Maxence, qui a pris le pouvoir en 306, en pleine crise politique. Il est avec Constantin, le fils d’un « Auguste » (titre de l’empereur), qui régnait en binôme dans le système de la Tétrarchie mis en place par Dioclétien à la fin du IIIème siècle, afin de mieux pouvoir défendre les frontières de l’empire. Ce système divisait le pouvoir entre deux « Augustes », secondés par deux « Césars » amenés ensuite à leur succéder après 20 ans, et interdisait aux premiers de choisir leur fils comme successeur. Dioclétien et Maximien (père de Maxence) se retirèrent du pouvoir en 305, laissant leur place à Galère et Constance Chlore. Mais à la mort de ce dernier un an plus tard, son fils Constantin est proclamé par ses troupes et Maxence en profite pour prendre le pouvoir à Rome, aidé par le mécontentement du Sénat et du peuple romain alors que l’importance de la cité éternelle décline au profit des capitales provinciales fixées par la Tétrarchie (Milan, Nicomédie, Trèves et Sirmium). Maxence voulait redorer le blason de Rome et affirmer sa puissance en se lançant dans de grands chantiers dont la basilique fait partie.
La basilique de Maxence (ou de Constantin) vue depuis le Palatin.
Construite à la place des Horrea Piperataria (entrepôts du poivre, des épices, de drogues et de médicaments), la basilique devait initialement accueillir le siège de la préfecture urbaine (Praefectura urbis), qui se trouvait alors dans le forum de la Paix voisin (où était exposé la Forma Urbis, plan de Rome au 1/240e gravé sur le marbre à l’époque des Sévères). Destinée à devenir le centre de toute l’administration de la ville, elle est située sur la petite colline de la Velia qui sépare le Colisée de la place du forum romain, et au bord de la Via Sacra (la voie des défilés militaires lors des triomphes). Commencée vers 306 par Maxence, elle fut achevée par Constantin dont on a retrouvé les fragments de sa statue colossale dans l’abside occidentale. Les dimensions des restes de celle-ci nous donne une idée de la taille de l’œuvre (hauteur de la tête + le col: 2,60m, longueur du pied: 2m). C’était une statue acrolithe (Seules les parties découvertes (tête, bras et jambes) étaient en marbre et le reste était probablement en bronze doré) et elle représentait l’empereur assis sur un trône. Il est fort probable qu’elle ait remplacé la statue de Maxence, soit par une nouvelle œuvre ou soit par une modification du portrait. En 312, Maxence est en effet tué lors de la bataille du Pont Milvius qui voit la victoire de Constantin et qui est d’ailleurs commémorée par un
arc de triomphe tout proche.
La tête de la statue de Constantin qui occupait l’abside Ouest (h=2,60m).
Autres fragments: la main…
… Et le pied
La nef centrale de la basilique vue depuis l’abside occidentale.
Le bâtiment, dont il ne reste aujourd’hui que la nef latérale Nord à cause de plusieurs tremblements de terre, couvrait une aire de 100x65m. Il se composait de trois nefs dont le vaisseau central était plus haut afin d’aménager des claire-voies dans la partie supérieure des murs et ainsi apporter de la lumière à profusion à l’intérieur de l’édifice (principe qui sera ensuite réutilisé dans l’architecture paléochrétienne et que l’on retrouvait alors dans les grands thermes impériaux). Haute de 35m, la nef centrale était rythmée par des colonnes en marbre de Proconnèse qui avaient une fonction seulement décorative. Les voutes d’arêtes qui couvraient les trois travées reposaient sur des consoles carrées prenant appui dans les murs porteurs, système parfaitement visible aujourd’hui. Les travées des nefs latérales étaient couvertes par une voûte en berceau ornée de caissons dont les murs porteurs étaient percées d’une ouverture encadrée de deux niches recevant probablement une statue. La décoration était complétée de parements en marbre sur les murs et d’un opus sectile à grand modules au sol, mais elle a aujourd’hui totalement disparu, laissant apparente la structure en brique et béton.
La nef latérale Nord est divisée en trois travées, chacune couverte par une voûte en berceau.
Une des consoles sur laquelle reposait les voûtes d’arête de la nef centrale.
La seule colonne conservée de la nef centrale (sur les huit) est encore visible sur la piazza Santa Maria Maggiore.
Jusqu’à la fin du IVème siècle, l’entrée se faisait par un vestibule le long de la façade Est.
Le vestibule d’entrée n’avait qu’un niveau et se développait sur toute la longueur de la façade.
La basilique était d’abord orientée sur un axe Ouest-Est, avec une abside à l’extrémité occidentale de la nef centrale (accueillant la statue de l’empereur) et un vestibule étroit sur la longueur de la façade orientale, marquant l’entrée. Cette orientation fut ensuite changée à la fin du IVème siècle (et non sous Constantin, comme c’est souvent admis), traduisant un changement d’usage de l’édifice. La nouvelle entrée, constituée d’un portique de quatre colonnes en porphyre au centre de la façade Sud, était accessible par un escalier qui donnait directement sur la Voie Sacrée. Dans l’axe de cette entrée, une abside est créée dans la travée centrale de la nef latérale Nord. Couverte d’une voute à caissons, ses murs accueillaient plusieurs niches probablement encadrées de colonnettes et recevant des statues. Cette zone était fermée par des grilles et correspondait au nouveau type de procès réservé aux membres du Sénat qui ne se déroulait plus en publique mais dans un endroit isolé.
Les restes des colonnes en porphyre du portique de la nouvelle entrée au Sud de l’édifice.
L’abside de la travée centrale a été rajoutée à la fin du IVème siècle (les deux pilastres de la clôture de la zone sont encore visibles)
La basilique de Maxence fait partie avec les thermes de Constantin (légèrement antérieurs) et ceux de Dioclétien (construits une dizaine d’années plus tôt), des derniers grands monuments construits dans la Rome impériale avant que son rôle politique ne décline irrémédiablement aux profits des capitales provinciales et de la future Constantinople. La basilique est surtout considérée comme un symbole, de part son architecture qui a ensuite inspiré les concepteurs des basiliques paléochrétienne, faisant ainsi le lien entre deux périodes mais aussi par ses vestiges monumentaux, qui ont inspiré de nombreux architectes, notamment à partir de la Renaissance. Enfin, l’importance de ce lieu a sûrement motivé les organisateurs des jeux olympiques de Rome en 1960 car il servit de cadre à l’épreuve de lutte (voir des photos de la
vue générale, et d’un
combat).