Cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte
Rue Abbé Boutillier, 58000 Nevers
Il convient tout d’abord d’expliquer l’originalité de cette cathédrale par la définition du chevet dans une église catholique, qui est son extrémité extérieure du côté du maître-autel, et à l’opposé de la façade principale dont l’architecture souvent monumentale accueille les fidèles. Une église a donc un plan précis, avec pour résumer et sur le même axe: la façade principale, la nef (où les laïcs et parfois le clergé assistent à l’office), souvent un transept puis le chœur (où se situe le maître-autel) et enfin le chevet (étant la partie extérieure du précédent). Je parle bien d’un « plan type » courant pour les églises actuelles, qui s’est mis en place pendant le haut Moyen-Âge. Tout visiteur de la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers pourra alors s’étonner de trouver deux chevets dans celle-ci. Chacun à une extrémité de l’église, le premier du XIe siècle est orienté à l’Ouest tandis que le second du XIVe regarde vers l’Est. Le fait que le plus ancien ne soit pas orienté vers l’orient peut s’expliquer par la superposition des édifices religieux dès l’antiquité, reprenant la même position que le précédent, sur un site alors resserré dans ses remparts et contraint par son environnement architectural.
Les premières traces d’un édifice de culte chrétien à cet endroit datent de la fin Ve-début VIe siècle avec une église dédiée à saint Gervais et saint Protais en lien avec le baptistère octogonal dont les restes ont été trouvés sous le chœur gothique. S’en suivent plusieurs étapes de reconstruction jusqu’à la cathédrale romane du début du XIe siècle dont le transept et le chœur ont été conservés. L’abside (contenant le chœur) est élevée sur une crypte semi-enterrée. Sa voûte en cul-de-four est ornée d’une fresque du XIIe représentant un Christ en gloire dans une mandorle. Ce thème représente la Résurrection et doit être mis en lien avec la crypte qui symbolise le passage du Christ par la mort. Le reste du bâtiment devait se composer d’une façade principale donnant sur la place du baptistère et d’une nef charpentée tout comme le transept. Cette partie fut détruite par un incendie et remplacée par une nef et un chœur de style gothique en 1211. C’est de nouveau le feu qui entraina la reconstruction un siècle plus tard du chœur sur les bases conservées du précédent, orienté vers l’orient.
La destruction du chœur roman était sûrement programmée pour élever une façade à sa place. Bien qu’il fut épargné par l’incendie au XIIIe siècle, sa préservation peut être due à un manque de volonté politique, à l’importance de sa symbolique architecturale ou (et) à des problèmes des budgets. Cette dernière raison expliquerait également l’abandon du projet de transept dans la partie gothique dont l’emplacement est aujourd’hui marqué par des portes latérales. C’est à cet endroit que l’axe du chœur gothique rompt avec l’axe général de l’édifice. Autre particularité qui fait la singularité de cette cathédrale.