Temple de Debod (Templo de Debod)
Paseo del Pintor Rosales 2, 28008 Madrid, Espagne
Dès l’antiquité, des monuments égyptiens ont été transportés en dehors de l’Égypte pour être remontés ailleurs. Nous pouvons citer les nombreux obélisques qui ornaient la Rome antique, puis ont été déplacés par les papes, ou encore l’obélisque qui trône sur la place de la Concorde à Paris depuis le règne de Louis-Philippe. Plus récemment des pays se sont vus offert des temples entiers.Cette donation est liée à la construction du haut barrage d’Assouan construit dans les années 60, afin de contrôler les crues du Nil, de constituer une réserve d’eau pour l’agriculture, et de produire de l’électricité. En contrepartie, sa réalisation a malheureusement entrainé l’engloutissement des nombreux sites archéologiques situés dans la vallée du Haut-Nil depuis Assouan jusqu’à la cataracte de Dal au Soudan. A la demande des gouvernements égyptiens et soudanais, une levée de fonds internationale et une campagne de l’UNESCO ont permis d’en sauver beaucoup dont les plus connus sont les temples d’Abou Simbel et l’île de Philae. Afin de remercier certains pays ayant participé, l’Égypte leur a offert un temple entier: celui de Dendour aux États-Unis, celui de Taffa aux Pays-Bas, celui d’Ellesiya à l’Italie, et enfin, celui de Debod à l’Espagne.
Le temple de Debod est le plus grand des quatre qui ont été offerts. Il est aujourd’hui dans le parc du même nom, sur la colline de Príncipe Pío (connue pour avoir été le lieu d’exécution des espagnols qui s’étaient révoltés contre les troupes napoléoniennes. C’est ce moment qui est représenté par Goya dans son tableau: El tres de mayo de 1808 en Madrid).
Aujourd’hui au milieu d’une étendue d’eau artificielle, le temple tient son nom actuel du village, proche de la première cataracte, où il était situé. Il a pour origine une chapelle construite vers 200-180 avant JC, par le roi nubien Adijalamani de Méroé, et dédiée aux dieux Amon et Isis. (le premier était considéré comme le roi des dieux, et le culte à la seconde a très rapidement été populaire en dehors d’Égypte, d’abord dans les terres grecques puis dans tout l’empire romain.) Le sanctuaire a ensuite été modifié et agrandi sous le règne de plusieurs rois de la dynastie des Ptolémée et des empereurs romains Auguste, Tibère et Hadrien. Il se composait du temple et de trois cours fermées par une enceinte. Cette dernière était percée par trois portails (seul deux ont été remontés à Madrid) et l’accès à la zone de culte se faisait en les traversant depuis un débarcadère. Durant l’Égypte ancienne, le temple étant considéré comme le lieu d’habitation des divinités, et donc comme un lieu sacré: seuls les prêtres et le pharaon étaient autorisés à y entrer.
Ce temple égyptien au cœur de Madrid, et bien conservé, pourra surprendre n’importe quel visiteur, qui pourra penser à une vision. L’effet étant accentué la nuit avec son reflet dans l’eau. Mais celui-ci est bien authentique, ce qui en fait le monument le plus ancien de Madrid, tout comme l’obélisque de la Concorde l’est pour Paris.