Église Saint Saturnin
Place de l’Église,92160 Antony
Les touristes qui viennent sur Antony se limitent souvent au parc de Sceaux, qui est une des plus belles réalisations d’André Le Nôtre, au même titre que les jardins du château de Vaux-le-Vicomte, ou de Versailles. Il est vrai que le patrimoine de la commune est plutôt caché, et ne se découvre qu’aux visiteurs les plus obstinés. Son église paroissiale en est le parfait exemple: son apparence plutôt courante en Ile-de-France, et sa façade reprise au XIXe siècle laisse penser à un intérieur peu différent des autres édifices religieux présents dans la région. Pourtant, celui qui prend la peine de s’avancer jusqu’au fond du bas-côté sud y découvrira une mosaïque datant des premiers temps chrétiens.
Bien qu’Antony ait un passé antique, cette mosaïque provient du nord de la Syrie, et a été installée en 1991 dans l’église suite à une donation. Avant d’aborder cette œuvre d’art, il me semble intéressant de revenir sur les origines de la ville, dont le nom n’est autre qu’une dérivation de celui d’Antonius, le propriétaire gallo-romain des terrains où se trouve le centre historique d’Antony. Comme tout domaine romain, celui-ci était géré en lien avec une villa, à laquelle est venue s’ajouter une chapelle avec le développement du christianisme. La première mention écrite des lieux « Antonius cum sua capella » (Antony avec sa chapelle) est faite en 829, lorsque ceux-ci sont donnés à l’Abbaye de Saint-Germain-des-prés. L’édifice religieux va être reconstruit pour devenir l’église paroissiale actuelle, comme l’atteste les vestiges carolingiens identifiés à la base de son clocher. Ce qui en fait tout de même un des plus vieux édifices de culte parisien!
Datée du XIIe siècle pour le chœur, et de la fin du XVe-Début XVIe pour la nef et la façade (modifiée au milieu du XIXe), l’église Saint-Saturnin se compose d’un chevet plat et d’une nef centrale avec des bas-côtés. C’est dans celui au sud, au niveau de la chapelle qu’a été installé en 1991 la mosaïque paléochrétienne issue d’une donation à la ville, dans laquelle était comprise une autre mosaïque visible aujourd’hui dans la médiathèque Anne Fontaine. Elle ornait probablement la nef d’une église du nord de la Syrie d’où elle provient. Mesurant 4 x 3,84 mètres, elle est datée du IVe siècle, soit la période où le christianisme est d’abord autorisé sous Constantin, puis devient le religion officielle de l’Empire romain en 392.
La composition géométrique de son décor polychrome est articulée autour d’un médaillon central, dans lequel est figuré le chrisme sous la forme d’une croix. Ce symbole chrétien est formé des lettres grecques Ρ (rhô) et Χ (chi), la première étant ici confondue dans une des branches de la seconde. Ces deux lettres sont les premières du mot « Christ » en grec (Χριστός), et sont accompagnées de la première et de la dernière lettre de l’alphabet grec classique: l’alpha (α) et l’oméga (ω). Représentant le commencement et la fin, elles symbolisent l’éternité du Christ. Enfin, deux roses situées sous la croix rappellent qu’elle est un nouvel arbre de vie. Le reste de la mosaïque est décoré de fruits et d’entrelacs, décor lié au thème de la Résurrection.
Le thème centrale de cette mosaïque est le triomphe de la croix, autour de laquelle est orientée tout la composition. Si ce thème est récurrent dans l’iconographie paléochrétienne, il s’agit ici d’une des premières représentations connues de la Croix, ce qui donne encore plus d’importance à cette église dans l’histoire de la Chrétienté en Ile-de France.
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