Temple (Tempio)
Piazza Giuseppe Garibaldi, 06031 Bevagna, Italie
Bevagna est une ville de 5000 habitants, prisée pour son centre historique médiéval, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Pérouse. Son territoire semble occupé dès l’âge de fer mais les premières traces historiques d’un établissement permanent coïncident avec la conquête romaine de l’Ombrie vers 300 avant notre ère. Son nom romain « Mevania » dérive de l’étrusque « Mefania » et elle devient municipe en 90 avant notre ère, profitant de l’extension de la citoyenneté romaine à tous les peuples de la péninsule italienne. Sa position sur la via Flaminia, voie crée en 220 avant J.-C. pour relier Rome à Rimini, et entre deux rivières (la Clytumne qui se jette dans le Topino à proximité de Bevagna), facilite les échanges commerciaux et fera la prospérité de la ville. Cette situation a duré jusqu’à la fin du IIIème siècle quand le tronçon parallèle de la via Flaminia Nuova (passant par Spolète) a pris plus d’importance, déclenchant le début du déclin de la ville.
Elle a ensuite appartenu au duché de Spolète puis aux États pontificaux en 774, après que Charlemagne ait confirmé la donation de territoires à l’église par son père 20 ans plus tôt. Du XIIème siècle jusqu’à l’unité italienne la ville est passée entre les états pontificaux, le duché de Spolète et sous la domination de Pérouse. Durant le XIIIème et le XIVème siècle, elle est fortement touchée par les batailles opposant les guelfes et les gibelins, deux factions soutenant les deux dynasties prétendant au trône du Saint-Empire romain germanique. Restée à l’écart de la révolution industrielle, la ville n’a subi pratiquement aucune transformation pendant l’époque moderne, conservant presque intact son urbanisme et son architecture médiévale dans lesquels se retrouve l’influence de la cité romaine. Non loin de la porte de Pérouse, entre les vestiges d’un édifice thermale et du théâtre antique, se trouvent les restes de l’unique temple de la cité romaine, qui se situait à l’époque sur le forum. Sa conservation partielle est due comme souvent à sa transformation en une église, qui était dédiée à la Madonna della Neve.
Du temple pseudo-périptère tétrastyle (quatre colonnes en façade et des semi-colonnes ou pilastres sur les autres côtés), il ne reste que la cella (salle cultuelle) et le podium, tandis que le pronaos avec ses colonnes et les marches ont disparu. La partie la mieux conservée correspond à l’arrière de l’édifice, dont les murs ont été construit en « opus mixtum »; typique des constructions romaines, ce mode de construction consiste à alterner des moellons de pierre (ici, des blocs de grès) avec des rangées de briques (cinq ou six dans le cas présent). L’ajout de briques dans la construction des murs, est apparu au milieu du Ier siècle avant notre ère et permettait de renforcer la cohésion d’ensemble de la construction. Le fût des quatre pilastres décorant le mur arrière de la cella et des quatre semi-colonnes conservées (sur six à l’origine) sur le mur latéral avaient une structure en brique qui étaient recouvertes de stuc dont les restes sur les pilastres représentent des cannelures. La partie conservée de l’édifice mesure 12,25m de long sur 10,77m de large. La construction du temple peut être datée du IIème siècle, durant lequel les monuments de la cité antique ont connu une phase de restructuration architecturale. Pour être plus précis, cette période pourrait correspondre au règne d’Hadrien (117-138) car les motifs marins des mosaïques des thermes presque voisins sont comparables à ceux de mosaïques conservées à Ostie et Capoue datant de cette époque.