aut. architektur und tirol
Ancien édifice de fermentation de la brasserie Adambräu (Ehemaliges Sudhaus des Adambräu)
Lois-Welzenbacher-Platz 1, 6020 Innsbruck, Autriche
Située dans les Alpes, au croisement du passage de la Sill et de la vallée de la rivière Inn, Innsbruck (littéralement Pont sur l’Inn) est un important nœud de communication entre l’Allemagne et l’Italie et entre l’Ouest et l’Est de l’Autriche. Occupé dès le néolithique, le site de la ville a pris son importance quand celle-ci fut choisie par l’empereur Maximilien de Habsbourg comme siège de sa cour au Tyrol à la fin du XVème siècle à la place de Meran (aujourd’hui en Italie). Elle ne deviendra la capitale officielle de cette région qu’au milieu du XIXème siècle, également période de l’arrivée du chemin de fer dans la ville. C’est dans le quartier de la future gare que Franz-Joseph Adam fonde la brasserie Adambräu en 1825. Elle fonctionnera pratiquement 170 années avant que les activités soient transférées dans un autre endroit. Aujourd’hui le bâtiment emblématique du site de l’ancienne brasserie est l’ancien édifice de fermentation (Sudhaus) qui est occupé depuis 2005 par le centre d’architecture du Tyrol « aut ».
L’édifice a été construit en 1926-1927 par Lois Welzenbacher, seul architecte autrichien représenté lors de l’exposition sur le « Style international » à New-York en 1932. La majorité de ses œuvres ont aujourd’hui été détruites ou ont perdu leur aspect initial. En plus, l’édifice présenté dans cet article est l’unique exemple d’une architecture industrielle de ce style en Autriche. D’inspiration moderne, la construction s’est développée suivant les procédés de production de la bière de l’époque, ce qui en fait le symbole de la rationalisation de la technique. L’architecture du bâtiment est en effet totalement due à son utilisation en tant que lieu de fermentation. Le besoin de hauteur afin d’utiliser le principe de l’apesanteur pour que le breuvage descende à travers plusieurs bassin de purification a donné sa forme verticale au bâtiment. Chaque étage est façonnée suivant son usage, avec la malterie et les séchoirs aux étages supérieurs et les cuves de brassage en dessous, réparties sur deux niveaux.
Le bâtiment a été réhabilité en 2003/2004 par les architectes Rainer Köberl, Thomas Giner, Erich Wucherer et Andreas Pfeifer, afin de le transformer en centre d’architecture. Ceux-ci ont choisi de ne pas toucher à l’ancienne structure, de la restaurer et surtout de retrouver l’aspect initial du projet de Lois Welzenbacher. En sacrifiant par exemple les économies d’énergie, en supprimant la couche d’isolation sur l’ensemble du bâtiment, pour n’isoler que les zones où cela est nécessaire et retrouver ainsi l’épaisseur initiale des murs. L’ensemble des cadres en acier des fenêtres a été poncé, réparé puis repeint. La plus grande transformation est le percement de la paroi nord de la grande salle d’exposition afin d’ouvrir l’accueil sur celle-ci. Elle se compose d’un espace sur deux niveaux, bordé par une pièce à mi-hauteur ouverte. Cet espace était initialement occupé par les chaudières à bière disposées sur deux niveaux (avec un plancher à mi-hauteur). L’emplacement de ces cuves est aujourd’hui signalé au sol par les grandes ouvertures circulaires (laissées après leur démantèlement) seulement couvertes par des planches afin d’utiliser ses vides dans le cadre d’exposition, permettant ainsi de créer un lien avec la fonction passée du lieu.
La partie supérieure du bâtiment est occupée par des bureaux et les archives de l’université d’Innsbruck (dédiées à la sauvegarde, la conservation et l’étude de l’architecture et du génie civil dans la région des Alpes). Cette zone était occupée par des silos et des réservoirs qui étaient disposés les uns à coté des autres sous la forme de cellules. Leur découpe à leur point de croisement a permis de créer les espaces accueillant les étagères métalliques des archives. Les architectes ont choisi dans leur projet de garder l’atmosphère industrielle grâce notamment au simple contraste de la couleur blanche des murs et des plafonds avec le noir ou le brun des sols. Ils ont également conservé et repeint les anciens garde-corps et les radiateurs et choisi une architecture simple pour les nouveaux éléments architecturaux comme les lampes ou le système de ventilation afin de les intégrer dans l’existant. Enfin, les trous laissés aux endroits où les vieux tuyaux et les canalisations en laiton ont été enlevés, sont signalés par des plaques de verre ou un éclairage.
Ce bâtiment est un très bel exemple de la parfaite intégration de nouvelles fonctions dans le plan et la structure spatiale d’un édifice historique et de leur adaptation à son ancienne utilisation industrielle.