Une machine à habiter à Vienne

Durant l’entre-deux-guerres, la ville de Vienne, capitale de la jeune république autrichienne, a lancé une grande politique de construction de logements sociaux. L’édifice emblématique de cette période est la barre H.L.M. longue d’un kilomètre du Karl-Marx-Hof, mais le seul appartement témoin visitable se situe au deuxième étage d’un bâtiment construit en 1925 par l’architecte Anton Brenner. Il habita ce logement de 38m² avec sa famille et s’en servit de laboratoire, dans le but de le rendre le plus fonctionnel possible pour permettre à une famille d’y vivre convenablement malgré sa petite taille et d’en faire un appartement modèle.

Contrairement à la majorité des architectes de cette période issus de la bourgeoisie, Anton Brenner était d’origine modeste, ce qui l’aida sûrement dans l’aménagement de l’appartement. Tout comme ses connaissances du travail d’une ménagère, acquises lors de son enfance lorsqu’il devait cuisiner pour ses frères et sœurs, ont sûrement influencé sa conception de la cuisine. Chaque détail de cette pièce fut en effet pensé afin de la rendre fonctionnelle au maximum. Comme la porte d’un placard qui en position ouverte, sert également à briser la vue directe dans la cuisine de la salle de séjour. La cuisine n’ayant pas de porte afin que la personne à l’intérieur puisse surveiller les enfants dans la salle de séjour. Cette pièce inspira sûrement l’architecte Margarete Schütte-Lihotzky, qui fut l’assistante d’Anton Brenner avant de dessiner la célèbre « cuisine de Francfort« , considérée comme l’origine des cuisines intégrées. Autre idée astucieuse: Les lits des enfants, situés dans la salle de séjour, sont rétractables dans une alcôve alors que le dispositif servant à les isoler du reste de la pièce la nuit, permet de les cacher une fois repliés. Des grands rangements ont également été intégrés au mur séparatif entre la pièce principale et la chambre à coucher.

Anton Brenner qui fut également enseignant au Bauhaus à Dessau, est aujourd’hui reconnu comme un des grands architectes viennois de son temps. Son appartement est d’autant plus intéressant qu’il y a vécu jusqu’à sa mort en 1957. L’aménagement original fut ensuite conservé et en partie restauré pour en faire un appartement-musée, parfait témoin de l’idéologie sous « Vienne la rouge ».

Proche de la capitale autrichienne, allez voir la chartreuse de Mauerbach et son église traversée par un cloître, ou encore le château médiéval reconstruit avec des morceaux d’architecture. En vous enfonçant dans les paysages alpins en suivant le flux de pèlerins, vous arriverez à Mariazell et sa basilique baroque dans laquelle le gothique est parfaitement visible.