Basilique de Mariazell (Basilika Mariazell)
Benedictus-Platz 1, 8630 Mariazell, Autriche
Située à deux heures au sud-ouest de Vienne, Mariazell est le site de pèlerinage le plus important d’Autriche. Sa basilique, dédiée au culte de la vierge Marie, a la particularité d’avoir une façade principale où deux styles architecturaux distincts sont parfaitement lisibles et différenciés.
Selon une tradition orale, ce site de pèlerinage aurait été fondé le 21 décembre 1157, ce qui en fait un des plus vieux d’Europe. A cette date, un moine nommé Magnus aurait été bloqué sur son chemin par un rocher, tandis qu’il se rendait un peu plus loin pour se charger de la direction de conscience des habitants. Alors en possession d’une statue en bois de la vierge, il pria cette dernière et la pierre se fendit en deux. Une fois arrivé à destination, il posa la statue sur une souche d’arbre, puis bâti un petit édifice ou une cellule (Zelle en allemand) faisant office de chapelle et d’habitation. Cette dernière donna le nom du futur lieu de pèlerinage: « Mariazell » (la vierge Marie de la cellule).
Le premier lieu de culte fut construit par Vladislav III de Bohême, qui, une fois guéri d’une maladie après être venu sur les lieux, fit ériger une chapelle romane en signe de gratitude, probablement en 1200 (cette date étant inscrite au dessus du portail principal). Quarante-trois années plus tard, les lieux sont évoqués pour la première fois dans un document écrit, sous le nom de « Cell ». Puis, l’archevêque de Salzbourg a mentionné dans un document, que cette église était un lieu de pèlerinage très fréquenté en 1330. Les lieux ont obtenu le droit de marché 14 années plus tard, puis l’indulgence (Rémission totale ou partielle, devant Dieu, de la peine temporelle encourue pour les péchés déjà pardonnés) est octroyée par le pape Boniface IX en 1399. Cette dernière est accordée temporairement pour la semaine suivant l’octave de l’Assomption et a permis de développer des rites de pénitence et de processions, qui sont restés très pratiqués jusqu’au XVIIe siècle. Le site de Mariazell s’est alors développé et sa renommée a commencé à s’étendre dans une grande partie de l’Europe. A la fin de la Contre-Réforme, le site de Mariazell est élevé au titre de sanctuaire national par les Habsbourg. Une grande partie des membres de la monarchie y est ensuite allé lors d’un évènement, pour ne citer que les plus connus: Marie-Thérèse lors de son voyage de noce, et l’empereur François-Joseph et Sissi pour les 700 ans de la fondation.
A la fin de la Contre-Réforme, le nombre de fidèles a augmenté et l’édifice gothique est devenu trop petit pour tous les accueillir. Ce dernier, construit au XIVe siècle par le roi Louis Ier de Hongrie, était alors sous la forme d’une église-halle de trois nefs et de cinq travées, avec une tour au dessus du portail central. Les travaux d’agrandissement dans le style baroque sont l’œuvre de l’architecte Domenico Sciassia. Ils ont débuté en 1644, et ont duré environ 50 ans. Les murs entre les contreforts ont été percés afin de rajouter des chapelles latérales surmontées de tribunes. Les nouveaux murs gouttereaux sont alors ouverts par deux séries de grandes fenêtres permettant d’apporter de la lumière à l’intérieur de l’édifice. Les mêmes ouvertures se retrouvent dans le chevet plat, qui a été construit après la destruction du chœur gothique, nécessaire afin de prolonger la nef vers l’Est. Celle-ci a été agrandie afin de rendre la basilique plus profonde et de construire un dôme sur tambour, typique de l’architecture baroque. A l’intérieur de l’édifice, l’extension et la structure gothique existante ont ensuite été uniformisés grâce au décor en stucs. Ainsi, les piliers de la nef ont été gainés et la voûte des nefs centrale et latérales ont été décorés d’ouvrages en stucs et de peintures. En façade, deux tours latérales de style baroque hautes de 60 mètres sont construites de part et d’autre de la tour de style gothique, culminant à 90 mètres.
La façade de la basilique aurait pu ne pas avoir son aspect actuel car Domenico Sciassia avait prévu de totalement baroquiser la tour gothique, mais le projet fut abandonné, vraisemblablement comme symbole des liens unissant les lieux à la Hongrie.