Una façade monstreuse à Rome

Les personnes empruntant la vie Gregoriana, à deux pas de l’église de la Trinité-des-Monts, seront sûrement surpris par la façade de cet édifice qui héberge aujourd’hui la « bibliotheca Hertziana ». En effet, la porte et les deux fenêtres du rez-de-chaussée prennent place dans la gueule de monstres dont le tête fait office d’encadrement.

Datant de la fin du XVIème siècle, cette architecture s’inspire sûrement des jardins de Bomarzo, terminés une dizaine d’années plus tôt et situés près de  Viterbe, à une centaine de kilomètres de Rome. Elle est l’œuvre de l’artiste italien Federico Zuccari, surtout connu pour ses peintures, qui acheta le terrain en 1590 pour y construire son atelier et la maison pour sa famille. Bien qu’il avait décidé de donner son palais en héritage à l’association d’artistes de « l’Accademia di San Luca » (dont il fut directeur), son souhait n’a pas été respecté à sa mort et l’édifice passa entre les mains de différents propriétaires qui l’agrandiront. A partir de 1702, il fut loué par la reine Marie Casimire de Pologne, qui en fit un des centres de la vie mondaine romaine. Il le resta sous le propriétaire suivant, Alessandro Nazzari, qui le transforma au milieu du XVIIIe siècle en auberge pour les artistes et les hommes de culture, réalisant ainsi le désir de Zuccari. Y ont habité: l’archéologue et historien de l’art Johann Joachim Winckelmann, les peintres nazaréens, Joshua Reynolds ou encore Jacques Louis David, qui y a peint « Le Serment des Horaces ». L’édifice a servi également de cadre au roman « Il Piacere » de l’écrivain italien Gabriele D’Annunzio, paru en 1889 et traduit en français par « L’enfant de volupté ».

Le palais est acheté en 1904 par Henriette Hertz, une collectionneuse allemande, amoureuse des Arts et de Rome, qui fit construire un bâtiment de trois étages sur les jardins. A sa mort, elle laissa sa collection de tableaux à l’État italien (visible aujourd’hui au musée du Palazzo Barberini), et le palais Zuccari ainsi que sa bibliothèque au gouvernement allemand, permettant la création d’un centre d’étude spécialisé en histoire de l’art, qui pris le nom de « biblioteca Hertziana ».

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