Lanterne des Morts (Derrière le chevet de la cathédrale Saint-Sacerdos)
Rue Sylvain Cavaillez, 24200 Sarlat-la-Canéda
Sarlat, capitale du Périgord Noir, s’est développée autour d’une abbaye, fondée au IXème siècle entre Cahors et Périgueux afin de servir de relais entre les deux sièges épiscopaux. La ville en elle-même est née lors de la constitution de son administration civile en 1223, et s’entoura ensuite de remparts. Un siècle plus tard, l’abbaye deviendra un évêché. La croissance de la ville sera ensuite interrompue par plusieurs conflits, d’abord par la guerre de Cent ans avant que la cité ne connaisse son âge d’or au XVIe siècle, puis par les guerres de Religion et enfin par la Fronde (Rébellion des nobles contre l’autorité monarchique au début du règne de Louis XIV). Si Sarlat peut s’enorgueillir de n’avoir jamais été prise par les armes lors des deux premiers conflits, le dernier, voit la ville tomber et occupée pendant trois mois par les troupes anti-royalistes. Les remparts perdront ensuite petit à petit leur fonction défensive avant d’être démolis vers 1750. La mise en vente des propriétés religieuses à la Révolution française puis la percée d’une artère de part en part du centre historique au milieu du XIXe siècle finiront de donner à la ville son aspect d’aujourd’hui. La mise en place d’un secteur sauvegardé dans les années 60 (dont Sarlat en était la ville-pilote) a permis de conserver l’aspect médiéval et de la Renaissance du centre historique tout en le redynamisant, faisant de Sarlat une destination touristique très appréciée.
Les promeneurs ne pourront que s’interroger devant une curieuse construction dominant le chevet de la cathédrale Saint-Sacerdos. Construite dans le cimetière de l’abbaye, celle-ci est appelée la lanterne des Morts. Typique du XIIe siècle, ce genre d’édifice, maçonné et prenant généralement la forme d’une tour, était surmonté d’un pavillon ajouré dans lequel était hissé une lampe allumée au crépuscule. L’hypothèse la plus probable lui donne la rôle de phare servant à guider les âmes des défunts. Le monument de Sarlat est unique, de part sa taille (les dimensions de la lanterne à La Souterraine ou à Hainburg étant les plus courantes (voir les photos ci-dessous)) liée au fait que la construction regroupe une chapelle et une lanterne dans le même volume. En effet, dans les autres exemples connus, la lanterne des Morts surmontant une chapelle est bien distinct de cette dernière (comme sur la chapelle Sainte-Catherine à Fontevraud (cf photo)).
Au rez-de-chaussée, la chapelle est accessible par une porte en arc-brisé et éclairée par trois baies, tandis que l’espace tronconique à l’étage est percé de quatre ouvertures à égale distance. L’intérieur de la chapelle est décoré de six colonnes avec des chapiteaux à décor végétal, sur lesquels reposent six arcs diagonaux et six ogives. Ces dernières se rejoignent à la clef de voûte sur laquelle est représenté l’agneau pascal. Ce décor architectural et la présence d’un banc en pierre intégré aux parois, nous indique que cette chapelle a été construite comme un lieu de prière pour les morts et non comme un ossuaire ou un tombeau. La fonction de l’édifice, construit vers 1170 à l’usage des moines, fut perdue au cours des siècles, si bien qu’afin de justifier son classement au titre de monument historique en 1862, il fut décrit comme un monument commémorant le passage de saint Bernard (en 1147), d’où son surnom de « tour Saint-Bernard ».
Une photo de l’intérieur est visible ici.
Dans la région de Sarlat, se trouve le château-falaise de Reignac, très bel exemple de maison fortifiée, occupée depuis le XIVème siècle.
La ville de Hainburg an der Donau a été citée dans cet article, avez-vous déjà vu sa porte monumentale?