UA-66654770-1

Palais des Diamants (Palazzo dei Diamanti)
Corso Ercole I D’Este, 21, 44121 Ferrara, Italie


Ferrare, dont le centre historique est classé au patrimoine mondiale de l’UNESCO, est une ville d’environ 135000 habitants, située dans la plaine du Pô et sur la voie entre Bologne et Padoue. Malgré cette position avantageuse, sur un fleuve et un nœud géographique entre la Toscane et la Vénétie, le lieu et la date de fondation de Ferrare ne sont pas connus. La ville apparait dans les textes pour la première fois aux VIIIème siècle sous le nom de « ducatus ferrariae ». Elle appartenait alors à l’exarchat de Ravenne, tout juste conquis par les Lombards (au dépend de l’empire byzantin), puis est passé sous le contrôle de l’église romaine, de Tedaldo (comte de Modène et de Canossa) avant d’être contrôlée par la famille des Adelardi qui appartenait au parti des guelfes en opposition à la famille des Torelli du parti des gibelins. Ces deux factions, liées chacune à une dynastie se disputant le trône du Saint-Empire romain germanique, se sont affrontées dans les domaines militaires, politiques et culturels au XIIème et XIIIème siècles en Italie. C’est au milieu de cette période, suite à la mort du dernier membre de la famille Adelardi, que Ferrare passa dans la famille d’Este, qui deviendra la plus puissante de la cité et restera au pouvoir plus de trois siècles. Elle y construira sa forteresse qui est aujourd’hui le monument le plus important de la ville.

Construit suite à une révolte populaire à la fin du XIVème siècle et situé le long des remparts, le château d’Este avait d’abord un rôle militaire avant que la cour ne décide de s’y installer, engendrant une grande campagne de transformation au XVIème siècle. Cette décision, prise à la suite d’une longue période de prospérité durant laquelle la ville s’était agrandie, repoussant son enceinte beaucoup plus au nord et donnant au château une place centrale dans le tissu urbain. Cet agrandissement, appelé « addition herculéenne » (Addizione Erculea) du nom de son commanditaire, est une opération d’extension urbanistique planifiée par Hercule Ier d’Este, qui décida de doubler la surface de la ville en englobant le tout dans une enceinte beaucoup plus  moderne. A la fin du XVème siècle, Ferrare, bien qu’à l’étroit dans sa structure médiévale, est en effet un des centres culturels et politiques les plus importants en Europe et cette opération, la première en Occident de cette ampleur, augmenta son prestige. L’extension est organisée par un réseau de rues droites se coupant à angle droit et structurées autour de deux axes principaux: un Est-Ouest connectant la porte de la Mer à celle du Pô et un axe Sud-Nord reliant le château d’Este à la porte des Anges. Le croisement de ces deux voies, appelé le « Quadrivio degli Angeli », est occupé par trois des principaux palais de Ferrare, tous construits à la fin du XVème siècle dont le palais des Diamants dans l’angle sud-ouest.

L'angle du bâtiment donnant sur les deux principales voies de "l'addition herculéenne" est décoré par des pilastres et un balcon.

L’angle du bâtiment donnant sur les deux principales voies de « l’addition herculéenne » est décoré par des pilastres et un balcon.

Les pilastres et le balcon ont été réalisés par le tailleur de pierre Gabriele Frisoni.

Les pilastres et le balcon ont été réalisés par le tailleur de pierre Gabriele Frisoni.

Ce palais est sans aucun doute le plus singulier construit dans « l’addition herculéenne », par le revêtement en marbre recouvrant entièrement ses deux façades donnant sur la rue. Il a été commandé par Sigismondo d’Este, le frère du duc régnant Hercule Ier, à l’architecte Biagio Rossetti qui a collaboré avec le tailleur de pierre Gabriele Frisoni. Le chantier a commencé en 1493 pour ne se terminer qu’en 1567 suite au départ du maitre d’œuvre 63 ans plus tôt. Le palais est ensuite resté la propriété des Este bien après leur départ de Ferrare en 1598 (la ville passant ensuite sous le contrôle des États pontificaux) pour passer en 1641 dans la famille des Marchesi Villa qui feront quelques transformations dont le portail d’entrée.

Le portail d'entrée a été modifié au XVIIe.

Le portail d’entrée a été modifié au XVIIe.

La cour intérieure du palais est assez sobre et contraste avec les façades donnant sur la rue.

La cour intérieure du palais est assez sobre et contraste avec les façades donnant sur la rue.

Seules les façades donnant sur la rue ont reçu un traitement particulier, ce qui est parfaitement visible côté cour dont les murs en briques sont pratiquement aveugles et qui a pour seule ornementation la colonnade d’une galerie sur un de ses côtés. Les deux façades donnant sur la rue sont entièrement recouverte d’un parement en marbre blanc et d’un bossage en pointe de diamants, formé d’environ 8550 « pointes », apparemment toutes égales et alignées en étant décalées de moitié par rapport aux lignes inférieures et supérieures. Cette similitude n’est pourtant qu’une illusion d’optique car l’axe des « pyramide » n’est perpendiculaire à la façade que dans la partie centrale de celle-ci, alors que dans sa section supérieure, l’axe est tourné vers le haut et vers le bas au niveau du soubassement incliné. Cette répétitivité n’est interrompue que par les frises séparant les niveaux, l’encadrement des baies, les pilastres marquant la fin des façades et à l’angle du bâtiment. Ce dernier est également marqué par un balcon massif reposant sur des consoles qui semble répondre à celui du palais Prosperi-Sacrati situé en face. Le nom du palais « Palazzo dei Diamanti » vient de cette décoration particulière et il héberge aujourd’hui la galerie municipal d’Art Moderne et la pinacothèque nationale.

La façade du palais des Diamants est recouverte d'environ 8550 pointes en marbre blanc.

La façade du palais des Diamants est recouverte d’environ 8550 pointes en marbre blanc.

 

On retrouve ce même type de façade également à la « Casa de los Picos » à Ségovie, construite à la fin du XVe.

La casa de los Picos à Segovie

La casa de los Picos à Segovie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *