Château Kreuzenstein (Burg Kreuzenstein)
2100 Leobendorf bei Korneuburg
Le château de Kreuzenstein, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Vienne, aurait été construit sur un promontoire vers 1115 avant de devenir une des possessions des Habsbourg un siècle plus tard. Il ne fut jamais pris jusqu’à la guerre de Trente Ans, probablement la plus importante du XVIIème siècle où pratiquement toutes les grandes puissances européennes se sont combattues. Ce conflit a sonné la fin de notre édifice, qui une fois investi par les troupes suédoises, a été explosé en plusieurs endroits par celles-ci lors de leur retrait en 1645. Le site a ensuite servi de carrière de pierre aux habitants des environs et lorsqu’il passa en possession de la famille Wilczek en 1702, il n’en restait que les ruines du rempart, de la tour Est et de la chapelle. Il demeura à l’état de ruine jusqu’au milieu du XIXème siècle, quand le comte Johann Nepomuk Wilczek, un mécène d’artistes et d’expéditions au pôle Nord, en décida la reconstruction pour accueillir ses œuvres d’art (dont la plus grande collection d’armes privée d’Autriche) et le caveau familial. L’originalité du projet vient que le château ne fut pas reconstruit à l’identique mais selon une conception du château médiéval en incorporant dans la construction des morceaux d’édifices du XVème et XVIème siècles ramenés de plusieurs pays européens.
Le château de Kreuzenstein vu du sud-ouest avec la tour d’angle défendant la porte principale au premier plan.
L’entrée principale est accessible par un pont en pierre (en arrière plan: la chapelle et le donjon)
La porte de la tour semi-circulaire, dont les battants viennent de l’arsenal d’Innsbruck, donne accès à la cour intérieure.
La chantier commença en 1874 sous la direction de Carl Gangolf Kayser, un architecte autrichien ayant travaillé au service de l’empereur Maximilien Ier du Mexique pendant son court règne, spécialiste de l’architecture médiévale et surtout considéré à l’époque comme l’expert des reconstructions d’édifices historiques. A sa mort en 1895, Humbert Walcher von Moltheim, également spécialiste de cette période architecturale, repris la direction des travaux du bâtiment, inauguré en 1906.
La date d’inauguration est pourtant trompeuse car comme expliqué plus haut, la construction englobe beaucoup d’éléments d’architectures de siècles précédents. Le bastion d’entrée est ainsi composé de plusieurs fragments (arc du portail, herse,…) venant de châteaux autrichiens ou allemands, quand aux battants de la seconde porte, donnant accès à la cour intérieure, ce sont les originaux de l’arsenal d’Innsbruck. Le comte avait fait démonter pierre par pierre plusieurs œuvres architecturales pour les remonter dans son château, ce qui est beaucoup plus visible dans la cour où plusieurs styles se côtoient avec une galerie gothique provenant de la cathédrale de Košice (en Slovaquie), une maison à colombage de Nuremberg et une loggia romane de Venise. Sous cette dernière, se trouve la statue de Roland (chevalier franc populaire dont la représentation ornée souvent les places de marché), à côté de la porte d’accès à la chapelle en bois sculpté montrant sainte Marie et Élisabeth sur chaque battant. Cette dernière est une copie de celle d’une église dans la région de Straßwalchen (vers Salzbourg) que le comte n’avait pas pu récupérer. Les salles intérieures sont également constituées d’éléments décoratifs de différents styles et de copies d’éléments d’architecture dont nous pouvons retenir les voutes de la salle des chevaliers, copies de celles de la salle Vladislav dans l’ancien palais royal de Prague ou encore les vitraux de la chapelle provenant du château de Graz et l’orgue du XVIème siècle dans la même salle.
La cour intérieure avec la chapelle, la loggia vénitienne et la maison à colombage de Nuremberg.
La maison à colombage de Nuremberg et le pont gothique qui servait de tribune d’orgue dans la cathédrale de Košice.
La maison à colombage de Nuremberg vue depuis la loggia romane provenant de Venise.
Sous la loggia vénitienne, la porte provient d’une église de la région de Straßwalchen. A droite la statue de Roland.
La salle Vladislav dans l’ancien palais royal de Prague (dont une copie de la voute couvre la salle des chevaliers du château de Kreuzenstein).
Le résultat de cet assemblage donne un édifice de plan ovale, organisé autour d’une cour intérieure traversée par la galerie gothique et accessible par une tour semi-circulaire qui en défend l’accès. Ce corps de bâtiment, dominé par le donjon culminant à 50 mètres, est entouré de remparts ornés de tours dont l’unique porte est accessible par un pont en pierre. L’inauguration se fit le 6 juin 1906 en présence du dernier empereur allemand Guillaume II (qui abdiqua en 1918). Depuis, si le bâtiment fut touché par un incendie causé par la foudre en 1915, les plus grands dommages sont surtout dus à des combats entre soldats allemands et soviétiques jusque dans l’enceinte du château en 1945 et dont les traces sont toujours visibles de nos jours.
Des traces d’impact de balles datant de la 2nde Guerre sont encore visibles sur la loggia romane vénitienne.
Aujourd’hui restaurée, l’architecture typique de l’édifice se visite et a déjà servi de cadre à plusieurs films dont « Les Trois Mousquetaires » de Stephen Herek (1993), ‘Le Dernier des Templiers’ de Dominic Sena (2011), ou encore à la mini-série « Les Piliers de la terre » (2010), basée sur le roman à succès de Ken Follet.
Le château de Kreuzenstein se trouve juste à côté de la capitale autrichienne, qui est très riche en surprise. Ainsi je vous conseille d’aller lire l’article sur les vestiges remplis de symbolisme de la plus vieille synagogue de Vienne, sur l’architecte qui s’est représenté dans une chaire à la fin du XVème siècle, sur une ancienne tour de DCA transformée en aquarium, sur une villa liée à deux grands artistes autrichiens, ou encore sur une machine à habiter.
Les fans de Gustav Klimt sont servi avec son unique autoportrait,et la représentation de ses peintures disparues à l’université.