Maison Forte de Reignac
24620 Tursac
Les personnes empruntant la D706, dans la région de Sarlat-la-Canéda, auront la surprise de découvrir un curieux édifice accroché à la falaise. Construit contre celle-ci dans un soucis de défense et en surplomb d’un gué sur la Vézère, la maison-forte de Reignac est à classer dans la catégorie des « châteaux-falaises » dont elle est l’exemple le mieux conservé. En effet, bien qu’une partie de son enceinte ait disparu, sa façade datant du XIVème siècle, n’a été modifiée qu’au XVIème siècle par le percement de fenêtres, probablement à la place de meurtrières. Sa position, en hauteur et plaquée contre la falaise n’autorisant que les assauts frontaux, additionnée à ses fortifications, lui offraient une bonne protection contre les attaques des bandes de pillards et brigands mais ne lui permettaient pas de résister longtemps contre une armée régulière. Le bâtiment était également défendu par des terrasses aménagées dans les cavités supérieures de la falaise, dont les plus hautes culminent à 40 mètres et qui ont très tôt constitué un refuge pour les hommes. Les premières traces d’occupation du site remontent à -13000, puis celui-ci a été occupé et fortifié au moyen-âge, période durant laquelle la maison-forte de Reignac était le centre d’un domaine et le lieu d’habitation d’un seigneur vassal de celui de la Roque Saint-Christophe, cité troglodyte à environ deux kilomètres. Cette occupation continue du XIVème au début du XXème siècle fait qu’il conserve toujours aujourd’hui son mobilier accumulé le long des siècles.
La façade a été construite en pierre du sarladais (qui lui donne sa couleur dorée) et sa longueur (environ 25 mètres) est relativement trompeuse sur la surface des pièces intérieures qui utilisent les cavités et grottes de la falaise. L’accès à l’édifice se faisait par une seule porte, considérée comme le point faible de l’édifice et donc défendue par une bretèche, les douze bouches à feu en façade et les terrasses supérieures (qui permettaient des tirs plongeant). Une fois celle-ci franchie, on débouche sur un espace d’où part l’escalier principal (au départ à vis puis modifié pour devenir à trois quarts tournant et desservant tous les niveaux), avec une grande pièce à droite et la cuisine à gauche. Cette dernière, précédée par une souillarde (pièce avec un évier servant à la vaisselle et à la lessive), est équipée entre-autre d’une grande cheminée et surtout une petite fontaine creusée au sol dans l’angle de la falaise.
La grande pièce d’environ 70m² et servant de salle à manger, est éclairée par deux fenêtres de part et d’autre d’une cheminée, la première étant équipée de coussièges (banquettes dans l’embrasure) et la seconde avec un évier au niveau de l’appui. Le mur du fond est percé de meurtrières et sépare cette salle de la partie arrière de la grotte qui s’étend sur la longueur du rez-de-chaussée et s’ouvre également sur la cuisine et la cage d’escalier. La même organisation se retrouve à l’étage avec la chambre de la comtesse de Reignac jusqu’au XIXème siècle au dessus de la cuisine et sur la salle manger, le dortoir des « gens de Reignac ». Ce dernier, servant de chambre commune aux enfants et aux domestiques, voit sa largeur fortement réduite par l’avancée de la falaise.
Un escalier en bois dans une salle annexe permet d’accéder au niveau supérieur et à la salle des grands hommes, grand salon de réception qui servait pour les grands évènements. Le plafond de cette pièce, entièrement constitué de roche, a été percée d’une cheminée débouchant à l’extérieur de la falaise. Le centre du deuxième étage est occupé par un palier où débouche l’escalier principal et desservant le cachot, la salle d’armes (de laquelle un passe-plat en chicane permettait de communiquer avec la prison), la chapelle (entièrement taillée dans la roche et accessible depuis la salle d’armes) et la chambre du Bouc. Cette dernière était, selon les chroniques du Moyen-Age, le lieu où le « bouc de Reignac » abusait des jeunes filles de son domaine qui rentraient temporairement à son service au prétexte d’un droit de servage. Un escalier permet ensuite d’accéder du palier aux deux terrasses aménagées dans les cavités supérieures de la falaise et fortifiées de créneaux et meurtrières en bois.
La maison forte de Reignac, de type « château-falaise », était donc le siège d’un seigneur qui exerçait son pouvoir et pouvait juger les délits mineurs sur ses terres. Elle est aujourd’hui exceptionnelle par son état de conservation, dû à son occupation continue du XIVème au début du XIXème siècle, qui lui a également permis de conserver un riche mobilier.
2 Comments
je l'ai visitée cette été cette maison forte une pure merveille mais je n'ai pu visiter la salle des tortures trop dur pour moi !!! bonne journée 🙂
C’est dommage, elle était intéressante. Il vaut mieux voir les instruments de torture que les subir 😉
Bonne soirée.