Église Saint-Étienne-du-Mont
Rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris
Beaucoup de visiteurs du panthéon sont attirés par la façade de l’église Saint-Étienne du Mont située au nord-est de celui-ci, et ne résistent généralement pas à y entrer, pour y découvrir une sorte de passerelle entre deux piliers, construction pouvant être étrange aux yeux du non connaisseur. Cette plateforme surélevée, appelée jubé, était courante dans la majorité des édifices catholiques jusqu’à la fin du XVIe siècle à partir duquel on commença à les détruire. Celui-ci est le dernier encore visible à Paris.
Pour comprendre son utilité, il faut remonter au début du moyen-âge, où les clôtures se développent en hauteur afin d’isoler un peu plus le clergé des fidèles, et donc le chœur de la nef. Le jubé en est le résultat et va apparaitre vers le XIIe siècle. Cependant, si l’on retient généralement avant tout sa fonction de clôture physique et symbolique, il servait également de plateforme surélevée sur laquelle on pouvait monter pour lire et chanter. Son nom vient d’ailleurs du premier mot de la prière par laquelle le lecteur demandait la bénédiction au prêtre: « Jube, Domine, benedicere » (Daigne, Seigneur, me bénir). Son décor reprend généralement celui d’une façade d’église.
C’est malheureusement son rôle de séparation qui va entrainer sa disparition de la plupart des édifices. En effet, jusqu’au XVIe siècle, les fidèles participaient très peu à la liturgie catholique, à laquelle vient s’opposer la réforme protestante. En réaction à celle-ci, le pape convoqua le concile qui se déroula de 1545 à 1563, essentiellement dans la ville de Trente, qui lui donna son nom. Les idées véhiculées par les protestants y ont été en partie reprises et les autres combattues. Ainsi, le concile de Trente prôna le rôle des images, le luxe comme manifestation de la gloire de Dieu, l’importance de l’Eucharistie, la confession régulière; mais surtout l’institution de l’homélie (moment important de la messe car le célébrant y fait son sermon en s’adressant directement aux fidèles), une messe plus participative et une célébration visible. Ces derniers points ont pour conséquences la construction de chaires à prêcher, directement inspirées des chaires à lecture dans les réfectoires, et l’ouverture des chœurs clos sur la nef avec la suppression des jubés.
Probablement construit entre 1541 et 1545, le jubé de l’église Saint-Étienne du Mont pourrait être une œuvre de Philibert Delorme, un des architectes majeurs du XVIe siècle. Comme l’église, il combine deux styles architecturaux: le gothique par sa structure interne à une ornementation Renaissance. Réalisé dans l’alignement des portails barrant l’accès au déambulatoire, il se compose de deux escaliers s’enroulant autour des piliers, permettant d’accéder à une galerie et à la plateforme qu’ils encadrent. Cette dernière repose sur arc en anse de panier de neuf mètres côté nef et sur trois arcades côté chœur, autorisant ainsi aux fidèles d’avoir un aperçu de la célébration. De son décor sculpté très riche, nous pouvons noter les deux renommées dans les écoinçons de l’arc côté nef, qui tenaient à l’origine les clous de la Passion et la couronne d’épines, symboles qui ont été remplacés par ceux de la République pendant la Révolution française: les rameaux d’olivier et la couronne de feuilles de chêne.
Les jubés construits tardivement, offraient généralement une large vision sur le chœur, qui a probablement permis la conservation de celui-ci. Cela malgré la demande forte des paroissiens de le démolir au milieu du XVIIIe siècle, dans un soucis de moderniser l’église. Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’apprécier le maintien en place de ce qui est l’unique jubé de Paris encore debout (celui de la Cathédrale Notre-Dame a par exemple disparu à la fin XVIIe suite au Vœu de Louis XIII).
Autres exemples de jubés en France:
Voir un l’article sur un cloître traversant une église à Mauerbach, servant ainsi de jubé.
Envie de vous évader en restant à Paris? Connaissez-vous la statue de la Liberté, également d’Auguste Bartholdi, qui domine la Seine?
Sinon, connaissez-vous la plus vieille maison de Paris? Et les thermes antiques ?
Au sud de Paris:
A Juvisy-sur-Orge, se trouve un étrange pont avec plusieurs arches parallèles, datant du début du XVIIIème siècle.
Dans l’église Saint-Saturnin d’Antony, vous pourrez découvrir une mosaïque datant des premiers temps chrétiens .
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2 Comments
Après avoir vu, observé, admiré… comprendre et découvrir tout ce qui fait l’intérêt et la beauté d’une architecture que je croyais ne pas aimer : le gothique flamboyant, à St Étienne du Mont.
Merci !
Bonjour Josette,
Il est vrai que le nom « gothique » est péjoratif à l’origine.
Je suis pour ma part toujours admiratif devant la précision du travail de la pierre du gothique primitif jusqu’au flamboyant.
Merci pour votre commentaire
Bonne journée