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Église Saint-Étienne-du-Mont
Rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris


Beaucoup de visiteurs du panthéon sont attirés par la façade de l’église Saint-Étienne du Mont située au nord-est de celui-ci, et ne résistent généralement pas à y entrer, pour y découvrir une sorte de passerelle entre deux piliers, construction pouvant être étrange aux yeux du non connaisseur. Cette plateforme surélevée, appelée jubé, était courante dans la majorité des édifices catholiques jusqu’à la fin du XVIe siècle à partir duquel on commença à les détruire. Celui-ci est le dernier encore visible à Paris.

Pour comprendre son utilité, il faut remonter au début du moyen-âge, où les clôtures se développent en hauteur afin d’isoler un peu plus le clergé des fidèles, et donc le chœur de la nef. Le jubé en est le résultat et va apparaitre vers le XIIe siècle. Cependant, si l’on retient généralement avant tout sa fonction de clôture physique et symbolique, il servait également de plateforme surélevée sur laquelle on pouvait monter pour lire et chanter. Son nom vient d’ailleurs du premier mot de la prière par laquelle le lecteur demandait la bénédiction au prêtre: « Jube, Domine, benedicere » (Daigne, Seigneur, me bénir). Son décor reprend généralement celui d’une façade d’église.

L'église Saint-Étienne du Mont est consacrée en 1626, soit plus d'un siècle après le début de sa construction. Sa façade principale a été fortement restaurée par Victor Baltard entre 1861 et 1868.

L’église Saint-Étienne du Mont est consacrée en 1626, soit plus d’un siècle après le début de sa construction. Sa façade principale a été fortement restaurée par Victor Baltard entre 1861 et 1868.

C’est malheureusement son rôle de séparation qui va entrainer sa disparition de la plupart des édifices. En effet, jusqu’au XVIe siècle, les fidèles participaient très peu à la liturgie catholique, à laquelle vient s’opposer la réforme protestante. En réaction à celle-ci, le pape convoqua le concile qui se déroula de 1545 à 1563, essentiellement dans la ville de Trente, qui lui donna son nom. Les idées véhiculées par les protestants y ont été en partie reprises et les autres combattues. Ainsi, le concile de Trente prôna le rôle des images, le luxe comme manifestation de la gloire de Dieu, l’importance de l’Eucharistie, la confession régulière; mais surtout l’institution de l’homélie (moment important de la messe car le célébrant y fait son sermon en s’adressant directement aux fidèles), une messe plus participative et une célébration visible. Ces derniers points ont pour conséquences la construction de chaires à prêcher, directement inspirées des chaires à lecture dans les réfectoires, et l’ouverture des chœurs clos sur la nef avec la suppression des jubés.

Servant de plateforme surélevée pour le chant et les lectures, et de clôture, la majorité des jubés ont disparu après le concile de Trente. Seul exemple encore en place à Paris, celui de l'église Saint-Étienne du Mont a failli être détruit au milieu du XVIIIe siècle.

Servant de plateforme surélevée pour le chant et les lectures, et de clôture, la majorité des jubés ont disparu après le concile de Trente. Seul exemple encore en place à Paris, celui de l’église Saint-Étienne du Mont a failli être détruit au milieu du XVIIIe siècle.

Achevé vers 1545, le jubé a probablement été réalisé par Philibert Delorme, architecte alors le plus en vue.

Achevé vers 1545, le jubé a probablement été réalisé par Philibert Delorme, architecte alors le plus en vue.

Probablement construit entre 1541 et 1545, le jubé de l’église Saint-Étienne du Mont pourrait être une œuvre de Philibert Delorme, un des architectes majeurs du XVIe siècle. Comme l’église, il combine deux styles architecturaux: le gothique par sa structure interne à une ornementation Renaissance. Réalisé dans l’alignement des portails barrant l’accès au déambulatoire, il se compose de deux escaliers s’enroulant autour des piliers, permettant d’accéder à une galerie et à la plateforme qu’ils encadrent. Cette dernière repose sur arc en anse de panier de neuf mètres côté nef et sur trois arcades côté chœur, autorisant ainsi aux fidèles d’avoir un aperçu de la célébration. De son décor sculpté très riche, nous pouvons noter les deux renommées dans les écoinçons de l’arc côté nef, qui tenaient à l’origine les clous de la Passion et la couronne d’épines, symboles qui ont été remplacés par ceux de la République pendant la Révolution française: les rameaux d’olivier et la couronne de feuilles de chêne.

Le jubé est largement ouvert permettant une bonne visibilité sur le chœur depuis la nef.

Le jubé est largement ouvert permettant une bonne visibilité sur le chœur depuis la nef.

Renommée tenant des rameaux d’olivier (remplaçant les clous Passion)/Renommée tenant couronne de feuilles de chêne (A la place de la couronne d'épines)

Renommée tenant des rameaux d’olivier (remplaçant les clous Passion)/Renommée tenant couronne de feuilles de chêne (A la place de la couronne d’épines)

Les deux escaliers s'enroulant autour des piliers permettent d'accéder à la plateforme du jubé, et à la galerie faisant le tour du chœur.

Les deux escaliers s’enroulant autour des piliers permettent d’accéder à la plateforme du jubé, et à la galerie faisant le tour du chœur.

Les plus observateurs pourront remarquer une fleur de lys dans de décor sculpté de la rambarde ajouré des escaliers.

Les plus observateurs pourront remarquer une fleur de lys dans de décor sculpté de la rambarde ajouré des escaliers.

Les jubés construits tardivement, offraient généralement une large vision sur le chœur, qui a probablement permis la conservation de celui-ci. Cela malgré la demande forte des paroissiens de le démolir au milieu du XVIIIe siècle, dans un soucis de moderniser l’église. Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’apprécier le maintien en place de ce qui est l’unique jubé de Paris encore debout (celui de la Cathédrale Notre-Dame a par exemple disparu à la fin XVIIe suite au Vœu de Louis XIII).

 

 

Autres exemples de jubés en France:

 

La cathédrale d'Albi a également conservé son jubé. Construit à la fin du XVe siècle et de style gothique flamboyant, il isole le chœur et ses deux rangés de sièges des stalles de la nef. Il est considéré comme un des plus beaux encore en place.

La cathédrale d’Albi a également conservé son jubé. Construit à la fin du XVe siècle et de style gothique flamboyant, il isole le chœur et ses deux rangés de sièges des stalles de la nef. Il est considéré comme un des plus beaux encore en place.

Les travaux du jubé de l'église de la Madeleine à Troyes ont commencé en 1508 pour se terminer sept ans plus tard. Il illustre bien son rôle de plateforme de lecture et de chant, ainsi que de clôture symbolique, tout comme le jubé de l'église Saint-Étienne du Mont. Nous pouvons noter le maitre-autel et le lutrin installés en dessous, suite aux préconisations du concile Vatican II (1962-65).

Les travaux du jubé de l’église de la Madeleine à Troyes ont commencé en 1508 pour se terminer sept ans plus tard. Il illustre bien son rôle de plateforme de lecture et de chant, ainsi que de clôture symbolique, tout comme le jubé de l’église Saint-Étienne du Mont. Nous pouvons noter le maitre-autel et le lutrin installés en dessous, suite aux préconisations du concile Vatican II (1962-65).


Voir un l’article sur un cloître traversant une église à Mauerbach, servant ainsi de jubé.

Envie de vous évader en restant à Paris? Connaissez-vous la statue de la Liberté, également d’Auguste Bartholdi, qui domine la Seine?

Sinon, connaissez-vous la plus vieille maison de Paris? Et les thermes antiques ?

Au sud de Paris:

A Juvisy-sur-Orge, se trouve un étrange pont avec plusieurs arches parallèles, datant du début du XVIIIème siècle.

Dans l’église Saint-Saturnin d’Antony, vous pourrez découvrir une mosaïque datant des premiers temps chrétiens .

Envie de sortir de la région parisienne? Direction la Beauce et Chartres où vous attends des bâtiments tout en couleur. Sur la route, pourquoi ne pas vous arrêter à Dreux, où vous pourrez saluer le dernier roi de France.

2 Comments

  1. Josette HUBERT N'GUYEN dit :

    Après avoir vu, observé, admiré… comprendre et découvrir tout ce qui fait l’intérêt et la beauté d’une architecture que je croyais ne pas aimer : le gothique flamboyant, à St Étienne du Mont.
    Merci !

    • Romain dit :

      Bonjour Josette,

      Il est vrai que le nom « gothique » est péjoratif à l’origine.
      Je suis pour ma part toujours admiratif devant la précision du travail de la pierre du gothique primitif jusqu’au flamboyant.
      Merci pour votre commentaire

      Bonne journée

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