Léonard de Vinci n’est pas en Italie mais à Amboise

Léonard de Vinci a passé les dernières années de sa vie en France et la scène de sa mort a inspiré de nombreux artistes dont la version la plus célèbre est un tableau d’Ingres. Par contre, le lieu exact de sa sépulture est souvent ignoré même si il n’a pas été enterré loin du lieu de sa mort. En effet, ses restes se trouvent dans l’enceinte du château d’Amboise depuis son décès et cela malgré une hypothétique volonté des nazis de récupérer les ossements afin de les offrir à Mussolini, qui aurait échoué grâce au gardien du site et au comte de Paris qui les avaient cachés.

Léonard de Vinci, alors sans mécène depuis la mort de Julien de Médicis, arrive à Amboise en 1516 sur invitation de François Ier. Recevant une pension annuelle du roi, il était logé au château de Cloux (actuel Clos Lucé), à proximité du château royal, qu’il pouvait d’ailleurs voir de ses fenêtres et dont il nous a laissé des croquis de sa vue. Il a surtout travaillé comme architecte, ingénieur et metteur en scène, en organisant de nombreuses fêtes pour le roi, en projetant de régulariser le cours de la Loire, de la dévier vers Chambord ou encore d’assécher les marais de la Sologne. Il avait également dessiné les plans d’un palais pour la mère du roi et est surement à l’origine du splendide escalier à double révolution du château de Chambord. Une lettre de naturalité de François Ier lui permettant d’échapper au droit d’aubaine (le monarque français héritait à l’époque de tous les biens des étrangers vivant en France), il fait rédiger son testament en avril 1519 alors qu’il est malade depuis des mois. Célibataire et sans enfant, il lègue tous ses biens à ses servants et ses disciples et meurt le 2 mai 1519 dans les bras de ces derniers. La tradition le faisant mourir dans les bras de François Ier (comme dans le tableau d’Ingres) est fausse et se base sur une interprétation erronée d’un écrit de Vasari. Soixante mendiants ont suivi son cortège funéraire jusqu’à la collégiale Saint-Florentin, située au cœur du complexe royal d’Amboise, où il a été inhumé à sa demande. Malgré la destruction de l’édifice religieux en 1807, les restes supposés de l’artiste n’ont été exhumés, authentifiés et transférés dans la chapelle Saint-Hubert qu’en 1863. L’emplacement du chœur de l’ancienne collégiale où les ossements présumés de Léonard de Vinci ont été récupérés est aujourd’hui signalé par un buste de l’artiste.

Il est difficile de louper la chapelle Saint-Hubert, située sur l’enceinte du château, car elle domine le centre historique d’Amboise. Aujourd’hui solitaire, c’était l’ancienne chapelle castrale du logis royal du « donjon » rasé à la fin du XVIIème siècle et elle doit son nom au bas relief ornant le linteau de son portail et représentant Hubert et son cerf. De style gothique flamboyant, en tuffeau et achevé en 1493, cet oratoire privé a été construit par des artistes flamands sur ordre de Charles VIII pour son épouse Anne de Bretagne (La Bretagne a été rattachée à la France suite à leur union). La représentation des deux souverains a d’ailleurs été ajoutée sur le tympan au XIXème siècle. Située dans le bras du transept Est, la tombe de Léonard de Vinci est aujourd’hui signalée par une dalle ornée d’un médaillon sculpté par Jean Cardot en 2004.