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La cuisine de Francfort (Die frankfurter Küche)
Musée autrichien des Arts appliqués (Österreichisches Museum für angewandte Kunst)
-Communément appelé le « MAK »-
Stubenring 5, 1010 Wien, Autriche


 

La pénurie de pratiquement deux millions de logements aux lendemains de la première guerre mondiale en Allemagne a engendré la construction des premiers grands programmes de logements sociaux par la république de Weimar. Le manque de budget entraina la construction d’appartements peu spacieux et amena les architectes a trouver des solutions pour réduire les coûts en créant un plan-type pour les appartements. A cette époque, les logements de la classe ouvrière se composaient souvent de deux pièces de jour: la cuisine, véritable pièce de vie du foyer qui servait également de « salle à tout faire » (salle à manger, salle de bain,…) et la salle à manger servant surtout de pièce de réception pour les grandes occasions. C’est dans ce contexte social que l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky conçut en 1926 la célèbre « cuisine de Francfort » pour le projet de la cité HLM du Römerstadt à Francfort-sur-le-Main de l’architecte allemand Ernst May.
Cuisine Francfort

La cuisine depuis l’entrée

 

Sa première grande innovation a été de créer une pièce séparée afin de détacher la fonction « cuisiner » des autres liées à la vie familiale et au repos. La seconde nouveauté est d’avoir imaginé un espace dans le but de réaliser le plus de travail avec le minimum d’effort possible dans les travaux domestiques, ce qui revenait à reprendre l’idéologie appliquée dans le monde du travail. Il avait été calculé que dans une cuisine de l’époque, la femme au foyer parcourait jusqu’à 90 mètres pour cuisiner contre 8 mètres dans la cuisine imaginée par Margarete Schütte-Lihotzky lorsque celle-ci était accolée à la salle à manger. Enfin, l’ensemble des éléments de la cuisine sont préfabriqués en usine puis imbriqués les uns dans les autres sur place, pour des raisons économiques, mais ce qui en fait l’ancêtre des cuisines intégrées.

 

La cuisine de Margarete Schütte-Lihotzky fait 3,44m de long sur 1,87m de large, soit environ 6,5m². Elle est accessible par deux portes, une en face de la fenêtre, dans l’axe de la pièce, et une autre coulissante donnant sur la salle de séjour. Les éléments de cuisine sont disposés le long d’un passage de 86cm. En se tenant dans l’entrée (comme sur la première photo), on trouve à gauche, entre les deux portes, le coin cuisson couvert d’une hotte maçonnée et constitué d’une gazinière et d’un caisson isotherme. Ce dernier est une caisse isolante qui permettait aux aliments à cuisson longue de finir de cuire et ainsi d’épargner du temps à la cuisinière. Au fond de la pièce, sous la fenêtre se trouve le placard à provisions et la table de travail, en bois de hêtre pour résister aux taches et aux coups de couteau. L’extrémité de la table est ouverte sur une poubelle-tiroir émaillée qui permet de jeter les épluchures avec la lame du couteau sans les toucher. La poubelle est ensuite vidée dans un placard à ordure situé à l’opposé de la cuisine et accessible du couloir, ce qui est un concept hygiénique plutôt novateur pour l’époque.

 

La table de travail, l'égouttoir et l'évier/Le meuble à provisions, le vaisselier et le vide-ordure

La table de travail, l’égouttoir et l’évier / Le meuble à provisions, le vaisselier et le vide-ordure

Le long du mur de droite se trouve d’abord l’égouttoir au dessus d’un placard pour les produits d’entretien, viennent ensuite les deux bacs en zinc de l’évier et un meuble à provisions. Ce dernier était composé de tiroirs en aluminium avec un bec verseur recevant un ingrédient dont le nom était inscrit (riz, lentilles,…) afin de garder une cuisine propre et bien organisée. Quand à la position de l’évier, elle permettait à la ménagère de faire aisément la vaisselle car la table de travail et l’égouttoir étant à sa gauche, celle-ci pouvait prendre la vaisselle sale puis mettre la propre à égoutter seulement de la main gauche et donc sans se déplacer. Cette partie de la cuisine (égouttoir, évier, meuble à provisions) était surmontée d’éléments de rangement en hauteur avec des portes coulissantes en verre. Ensuite, en continuant le long du mur de droite en direction de l’entrée venait le vaisselier et enfin le placard « vide-ordures » dans l’angle. Dans la partie inférieure du meuble à vaisselle, des rails en bois disposés en biais permettaient aux casseroles de finir de sécher dans l’armoire grâce à la circulation de l’air. Le dernier élément est la table à repasser, fixée au mur au niveau de la fenêtre  (en position fermée sur la photo) et se rabattant sur le bord de l’évier. Tous les meubles de la cuisine ont un design très simple et sans ornement. Les deux teintes dominantes sont le jaune de la faïence permettant d’apporter une lumière agréable et le bleu-vert du mobilier car des scientifiques avaient découvert que les mouches fuyaient les surfaces de cette teinte.

 

A la fin des années 20, 10 000 exemplaires de cette cuisine furent construits, ce qui en fait surtout la première « cuisine intégrée » produite à échelle industrielle. Des exemples antérieurs de cuisine aménagée existent, comme celle que l’architecte Anton Brenner conçut pour son propre appartement lorsque Margarete Schütte-Lihotzky était son assistante et qui l’influença sûrement. Aujourd’hui, plusieurs versions originales de la  cuisine de Francfort sont visibles en Allemagne et aux États-Unis, celle de Vienne est une reconstitution.

Voir l’article sur l’appartement d’Anton Brenner
La ville de Vienne est très riche en surprise, ainsi je vous conseille d’aller lire l’article sur les vestiges remplis de symbolisme de la plus vieille synagogue de Vienne, sur l’architecte qui s’est représenté dans une chaire à la fin du XVème siècle, sur une ancienne tour de DCA transformée en aquarium, ou sur une villa liée à deux grands artistes autrichiens.

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26 janvier 2013

L’ancêtre des cuisines intégrées à Vienne

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