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L’accès aux vestiges se fait par le musée (Museum Judenplatz)
Judenplatz 8, 1010 Wien, Autriche


Aujourd’hui, seul le nom de « Judenplatz » est le moyen le plus direct pour se souvenir du passé de ce site, et comprendre l’installation à cet endroit du mémorial des victimes juives autrichiennes de la Shoah en 2000. Cependant, son emplacement devient beaucoup plus symbolique, lorsque l’on sait que les vestiges de la première synagogue de Vienne, remontant au XIIIème siècle, sont situés en dessous.
La "Judenplatz" avec l'entrée du musée au fond de la place (derrière le mémorial).

La « Judenplatz » avec l’entrée du musée au fond de la place (derrière le mémorial).

Avant d’aborder l’histoire de la synagogue, il convient tout d’abord de traiter de l’histoire de la communauté juive dans la capitale viennoise. La preuve la plus vieille de son existence à Vienne remonte à la fin du XIIème siècle, et commence mal: Le premier juif connu se nommait Schlom ou Schlomo, et a été assassiné en 1197. Il était le monnayeur des ducs Léopold V et Frédéric Ier d’Autriche, et avait géré la rançon obtenue de la libération de Richard Cœur de Lion (capturé lors de son retour de croisade, son emprisonnement est à l’origine du conte de Blondel). Le quartier de l’actuelle « Judenplatz » devient le quartier juif à partir de 1250, et fut le centre de la communauté jusqu’au XVème siècle avec notamment une synagogue, un hôpital, des bains et une école qui en feront un des hauts-lieux de la connaissance juive en Europe. Cette réputation se retrouve dans le nom de la place qui lui servait de centre: « Schulhof » (« Cour d’école »; ce nom a ensuite été donné à la place actuelle au niveau du chevet de l’église « Am Hof » toute proche). Le ghetto était situé au nord-est du centre historique, entre les places « Am Hof » et « Hoher Markt », et entre les églises « Am Hof » et « Maria am Gestade ». Ses limites étaient murées et ses accès contrôlés par quatre portes.
Maquette de Vienne au début du XVème siècle avec le quartier juif (en marron) entre les deux places du "Hoher Markt" et "Am Hof" et la synagogue (en rouge)

Maquette de Vienne au début du XVème siècle avec le quartier juif (en marron) entre les deux places du « Hoher Markt » et « Am Hof » et la synagogue (en rouge)

En 1421, commença le « Wiener Gesera », qui signifiait l’anéantissement planifié de tous les juifs du duché d’Autriche sur ordre du duc Albert V de Habsbourg. Celui-ci entraina l’expulsion et l’exécution de nombreux juifs, ou encore des suicides dans la synagogue pour échapper aux conversions forcées, et donc la disparition du ghetto et de sa synagogue dont nous parlerons plus loin. Le vide urbain crée par l’absence de cette dernière fut nommé « Judenplatz » (Place des Juifs) seize années après le début de cette période. Bien que l’interdiction de s’implanter ait perduré jusqu’en 1624, de nombreuses dérogations ont permis aux juifs de revenir à Vienne et à la communauté de s’accroitre. Ils purent s’installer en dehors du centre historique, de l’autre côté du canal du Danube dans une zone qu’ils durent assainir, et qui avait entre autre un hôpital et deux synagogues. Ce quartier se nomme aujourd’hui Leopoldstadt, du nom de Léopold Ier du Saint-Empire qui expulsa les juifs en 1670, avant que le juif Samuel Oppenheimer fut appelé dans la capitale en tant que financier après le second siège de Vienne par les turcs en 1683, engendrant un retour progressif des juifs.
La situation changea en 1781, lorsque l’empereur Joseph II promulgua son édit de tolérance qui garantissait la liberté de culte et le libre accès à la vie publique à tous les citoyens, quelque soit leur confession. L’actuelle synagogue principale de la ville, construite par Joseph Kornhäusel, l’un des architectes les plus connus de son époque, a été inaugurée en 1826. La Loi fondamentale de l’État de 1867 qui faisait suite aux révolutions de 1848 et acta la naissance de l’Autriche-Hongrie, garantit également pour le première fois l’exercice de leur religion et la liberté de séjour aux juifs. Le résultat en fut une forte expansion de la population juive, jusqu’à la montée de l’antisémitisme au début du XXème siècle, et aux horreurs qui en résulteront.

Aujourd’hui, un monument est dressé sur la « Judenplatz » pour rappeler l’assassinat des 65000 juifs autrichiens pendant la Shoah. Ce mémorial aux victimes, œuvre de l’artiste Rachel Whiteread, a été installé en 2000. Construit en béton armé, il symbolise les murs d’une bibliothèque remplis avec les livres de l’histoire des vies perdues et porte sur son podium les noms des camps d’extermination. Mais peu de gens connaisse le symbolisme de son emplacement car celui-ci se trouve exactement au dessus des restes de la plus vielle synagogue de Vienne.

Le mémorial des victimes juives autrichiennes de la shoah est situé au dessus des vestiges de l'ancienne synagogue.

Le mémorial des victimes juives autrichiennes de la shoah est situé au dessus des vestiges de l’ancienne synagogue.

Elle a en effet été évoquée pour la première fois en 1294 et était la seule construction du ghetto entièrement en pierre. A l’origine à nef unique, elle a été transformée avant cette date en édifice à deux nefs dans le style gothique, sous l’initiative de Lebman (Marlevi ha-Kohen en hébreu) qui la finança en grande partie et fut surnommé « le grand bienfaiteur » à sa mort. La synagogue était alors sur la place, nommée « Schulhof » jusqu’en 1421 et considérée comme le centre du ghetto. Le bâtiment fut ensuite agrandi vers 1360, après que la collectivité ait atteint les 800 personnes après une forte immigration sous le règne de Rodolphe IV d’Autriche. La synagogue s’organisait autour de la salle de prière des hommes, avec l’armoire contenant les rouleaux de la Torah à l’est, la bimah (endroit surélevé où se tient l’officiant et où on lit la Torah) au centre et encadrée de deux piliers. La salle de prière des femmes, beaucoup plus petite et avec de petites ouvertures donnant sur celle des hommes, était au sud de celle-ci tandis que le côté nord était occupé par une pièce faisant peut-être office de hall d’entrée.
Maquette de la synagogue avant l'incendie de 1406.

Maquette de la synagogue avant l’incendie de 1406.

La synagogue fut gravement endommagée par un incendie dans le quartier juif qui détruisit de nombreuses maisons en 1406. Sa reconstruction permit d’agrandir la salle de prière des hommes vers l’est (sans changer la position de la bimah), tandis qu’une extension le long de la façade ouest fut ajoutée à la salle réservée aux femmes et à la salle au nord (qui fut également agrandi à l’est) , donnant aux deux espaces un « plan en L ». La pièce au nord avait alors la fonction de hall d’accueil pour sa partie ouest et de yechivah (centre d’étude de la Torah et du Talmud, dirigé par un rabbin) pour sa partie est. La synagogue fut complétement détruite après l’expulsion et l’extermination des juifs en 1421 lors de la « Wiener Gesera » et servit de carrière de pierre aux viennois. Ses restes furent découvert lors de fouilles sous la place dans les années 90, précédant la construction du mémorial des victimes juives autrichiennes de la Shoah.L’accès aux vestiges de la Synagogue se fait par le musée présentant l’histoire du lieu, et inauguré en même temps que le mémorial. L’ensemble de ces installations permet ainsi de rendre hommage à toutes les victimes juives, non seulement du nazisme, mais également depuis le Moyen Âge.
Les vestiges sont accessibles par un souterrain partant du musée.

Les vestiges sont accessibles par un souterrain partant du musée.

La salle de prière avec les restes de la bimah, l'estrade d'où était lu la torah.

La salle de prière avec les restes de la bimah, l’estrade d’où était lu la torah.

Le pavage de la salle de prière réservée aux femmes est en partie visible.

Le pavage de la salle de prière réservée aux femmes est en partie visible.


La ville de Vienne est très riche en surprise, ainsi je vous conseille d’aller lire l’article sur l’architecte qui s’est représenté dans une chaire à la fin du XVème siècleune ancienne tour de DCA transformée en aquarium, sur une villa liée à deux grands artistes autrichiens, ou encore une machine à habiter.

Les fans de Gustav Klimt sont servi avec son unique autoportrait,et la représentation de ses peintures disparues à l’université.

En vous éloignant un peu de la ville, vous serez sûrement intéressé par le château médiéval reconstruit avec des morceaux d’architecture, ou par la chartreuse de Mauerbach et son église traversée par un cloître, puis en vous enfonçant dans les paysages alpins en suivant le flux de pèlerins, vous arriverez à Mariazell et sa basilique baroque dans laquelle le gothique est parfaitement visible.
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