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Mont du Calvaire et église (Kalvarienberg und Bergkirche)
Josef-Haydn-Platz 1, 7062 Eisenstadt, Autriche
Kalvarienberg signifie « mont du Calvaire », et fait directement référence à la colline, également appelée « le Golgotha », où Jésus fut crucifié d’après les Évangiles. Cet édifice, construit au XVIIIe siècle et adossé à une église, reprend la forme d’une butte dans laquelle a été installée un chemin de croix dont les stations sont composées de statues en bois. Si les chemins de croix sont généralement installés le long d’un chemin en pente, avec le calvaire comme dernière station, les monticules sont naturels et restent à ciel ouverts, ce qui rend ce monument plutôt original.
Cette construction est à mettre en lien avec la famille noble hongroise des Esterházy, proche des Habsbourg, qui se vit offrir la ville d’Eisenstadt, en même temps que le titre de duc en 1622. Elle transforma le château médiéval pour en faire une de ses résidences principales, et éleva la chapelle castrale au rang d’église paroissiale. Son prestige s’accentua 65 années plus tard, lorsque Paul Ier Esterházy obtenu le rang de prince suite à sa participation à la reconquête de la Hongrie. Très croyant, ce dernier avait déjà fait construire une chapelle sur une petite colline en dehors de la ville, à l’endroit du départ pour le pèlerinage de Mariazell. La construction du Mont du Calvaire commença en 1701 sous la direction du frère franciscain Felix Niering, pour se finir six années plus tard. Décrit comme la huitième merveille du monde par certains visiteurs, il faut dire que ce monument, dédié à la Passion du Christ, est composé de dix chapelles, 18 autels, et de 320 statues.
L’accès se fait par un escalier encadré par des statues d’anges menant à un porche ouvert donnant sur une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Grâce, d’où commence le chemin de croix. Ce dernier se développe le long de couloirs et d’escaliers, dont les murs entièrement en moellons de tuffeau apparent, laissent apparaitre les mises en scène composées des statues à taille humaine. Au nombre de 60 en pierre, et 260 en bois, ces dernières sont réparties dans des espaces allant de la niche, à la composition sur plusieurs pièces, jouant ainsi sur les arrières-plans et le décor architectural pour rendre la pièce encore plus réelle.
Le parcours se finit tout naturellement à la dernière station située dans la chapelle de la Croix, au sommet de la construction. De plan ovale, elle est occupée par un calvaire, représentant le Christ en Croix, entouré de Marie-Madeleine et de saint Jean l’Évangéliste.
Si la vue qu’offre le sommet de la « Kalvarienberg » sur la ville, le lac de Neusiedl, et les Alpes au loin, est particulièrement appréciée aujourd’hui, les lieux sont également connus pour l’église voisine, qui héberge le tombeau du célèbre compositeur Joseph Haydn, dont le corps fut rapatrié en 1820 par les Esterházy. Décédé lors de l’occupation de Vienne par les troupes françaises, celui-ci avait travaillé une grande partie de sa vie au service de cette famille. La première pierre de cette église, également appelée « Haydnkirche« , a été posée en 1715, mais seul son chevet fut achevé. La suppression des pèlerinages par l’empereur Joseph II en 1782, marqua le déclin du site, entrainant la destruction du cloitre des franciscains attenant, et le début de la dégradation du mont du calvaire. Celui-ci ne fut rénové qu’au milieu du XIXe siècle.
S’il existe également un autre édifice de ce type à Maria Lanzendorf, édifié dans la même région et à la même période, le mont du Calvaire d’Eisenstadt reste plus impressionnant par ses dimensions. Cela peut se comprendre par sa construction à proximité de l’un des lieux de résidence des Esterházy, sous le règne d’un de ses membres les plus croyants.
Pas loin d’Eisenstadt, les Esterházy se sont fait construire un château considéré comme le Versailles hongrois.
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