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Musée Lapidaire (Ancienne église Notre-Dame de Lamourguier)
Place Lamourguier, 11100 Narbonne
La destination de l’église désacralisée changea avec la démolition des remparts de la ville, dont le tracé passait d’ailleurs à proximité du chevet du bâtiment. Ces fortifications dataient du début du XVIe siècle, lorsque Narbonne s’est retrouvée rattachée au royaume de France et devient une des place-fortes à sa frontière. Elles seront démantelées de 1868 à 1884, après que la municipalité ait pu obtenir le déclassement de la ville auprès de l’empereur Napoléon III. Beaucoup de vestiges gallo-romains réemployés dans la construction de l’enceinte sont alors extraits, et seront d’abord entreposés dans le jardin du musée. Cependant ceux-ci étant exposés aux intempéries, la Commission archéologique obtiendra l’autorisation de les stocker temporairement dans l’église qui est encore louée par l’armée.
La construction d’une nouvelle caserne libère les lieux en 1889 et la collection lapidaire quitte définitivement le jardin du musée. Les pierres ne sont pourtant pas encore à l’abri, car en 1904, un orage endommagea la toiture de l’église déjà fragilisée par la construction des halles à l’emplacement des anciens bâtiments conventuels, et un arc s’écroula deux années plus tard. L’édifice était alors au cœur d’une polémique. En effet, en pleine pression immobilière, son emplacement faisait des envieux, et l’édifice est même supprimé de la liste des monuments historiques. Fort heureusement, cette suppression ne fut que temporaire, et les défenseurs du bâtiment ont invoqué l’extraordinaire collection lapidaire qu’il abrite, bien avant son intérêt architectural, comme argument pour le protéger.
La collection s’est depuis enrichie d’éléments récupérés lors de fouilles archéologiques, et la présentation de ces vestiges formant des murs de pierre est impressionnante. L’église abrite environ 1300 blocs sculptés, datant en grande majorité des deux premiers siècles de notre ère, et essentiellement issus de l’art funéraire gallo-romain, mais également de grands édifices publics de la cité antique. Suite à des études commencées en 1980, des chercheurs ont d’ailleurs réussi à reconstituer certains monuments, permettant ainsi de retrouver une partie de l’aspect de l’ancienne capitale de la province de la Gaule Narbonnaise, qui s’étendait jadis de Toulouse au lac Léman.