Le château de Villandry est situé à une quinzaine de kilomètres de Tours, dans une vallée où coulent la Loire et le Cher. Il a été construit au XVIème siècle, à la place d’un ancien château médiéval dont on ne conserva que les douves, les soubassements et le donjon, par Jean le Breton, alors ministre des Finances de François Ier. Le nouvel édifice se compose de trois corps de logis de style Renaissance, disposés en forme de U autour d’une cour et englobant le donjon dans un angle. Au milieu du XVIIIème siècle, l’édifice devient la propriété du marquis de Castellane qui lui rajoute des dépendances et le transforme afin de le faire correspondre au confort de l’époque. Il sera racheté en 1906 par Joachim Carvallo, un passionné de patrimoine, qui redonnera au château son aspect Renaissance et restituera les jardins à la française qui font aujourd’hui la renommée du lieu. Joachim Carvallo et sa femme collectionnaient les tableaux de maître et le reste de leur collection est présenté dans tout le bâtiment et surtout dans une longue galerie qui se termine par une pièce dont le plafond est l’un des joyaux du site.

Cette pièce de plan pratiquement carré, située à l’extrémité de l’aile Nord-Est du château, a été agencée spécialement pour recevoir un plafond typique de l’art hispano-mauresque. Celui-ci provient du palais des ducs de Maqueda, construit à Tolède au XVème siècle et dont les quatre salons d’angle étaient décorés par une coupole en bois polychrome. Lors du démantèlement de l’édifice en 1905, l’une d’elles fut rachetée par Joachim Carvallo (les trois autres étant aujourd’hui dans des musées). Constituée de 3600 pièces en bois, sa reconstitution à Villandry a ensuite demandé un an de travail!

C’est une coupole à caisson en bois, sur plan octogonal et sur trompe cannelée dont la base est ornée d’une coquille de Saint-Jacques de Compostelle. Cette œuvre ayant été réalisée par des artisans maures pour le compte d’espagnols catholiques, ils y ont mêlé des éléments décoratifs caractéristiques des arts mauresque et chrétien. Ainsi, en plus des coquilles, on y retrouve la corde des franciscains, les écus héraldiques de souverains, un décor floral, avec des entrelacs, des arabesques, une frise en plâtre ciselée et des inscriptions d’inspiration arabe. Ce plafond typique de l’art mudéjar impressionne d’autant plus que le reste de la salle n’est décoré que par des tentures et par des tableaux représentants des scènes de vie du marquis de Castellane, propriétaire du château de Villandry au XVIIIème siècle, lorsqu’il était ambassadeur du Roi de France à la Porte ottomane.