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Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge
6 Place Paul Painlevé, 75005 Paris
Lorsque Paris est évoqué, la plupart des personnes pensent instinctivement à la tour Eiffel, à l’arc de triomphe, à Notre-Dame, ou plus généralement aux immeubles dit « haussmanniens », ou aux stations de métro d’Hector Guimard. Pourtant la ville possède un des thermes antiques les mieux conservés de France en plein cœur du quartier de la Sorbonne.
Ces vestiges sont parfaitement reconnaissables dans le paysage parisien, avec leurs murs en opus vittatum mixtum (alternant des petits moellons rectangulaires avec des arases de brique), typique des ouvrages construits à cette période. Édifiés entre la fin du Ier et le début du IIe siècle, les thermes dit de Cluny, occupaient alors un îlot urbain, soit un rectangle d’environ 111,50×90 mètres, ce qui en faisait les plus grands de la ville gallo-romaine. Le bâtiment des bains, en partie conservé, occupait environ la moitié de la parcelle, sur tout son côté sud, offrant ainsi une façade monumentale (probablement ouverte de fenêtres) sur la Seine. Le reste se composait d’une cour centrale et d’une rangée de boutiques sur le côté nord de l’îlot. L’entrée principale devait se situer à ce niveau, à proximité des boutiques proposant sûrement tous les produits nécessaires à l’usage des thermes.
Accessibles à tous, les thermes romains étaient construits suivant le même principe quelque soit la région de l’Empire. L’usager pouvait y suivre un parcours permettant d’exposer progressivement son corps d’une atmosphère froide à chaude, puis inversement, afin d’ouvrir les pores de la peau, puis de les refermer. Ainsi, aux thermes du Nord (autre nom du site), un client pouvait, après s’être changé et s’être enduit le corps d’huile, commencer par faire du sport dans la cour précédemment citée, ou de l’exercice physique dans les deux gymnases (basilique. Salles A et B sur le plan) situés au sud du complexe. Ces deux salles, dont les murs étaient ornés de niches en arcade à fond plat, étaient reliés directement à la salle froide (frigidarium) par une porte. (Nous reviendrons plus tard sur cette salle centrale du bâtiment des bains.) L’usager devait traverser cette pièce pour se rendre à la salle tiède (tepidarium. Salle D). Elle est située hypothétiquement dans celle à l’ouest du frigidarium, que l’on peut observer depuis le boulevard Saint-Michel. Les fouilles y ont montrée deux phases: la première en tant que salle chaude chauffée par hypocauste (L’air chaud provenant de foyers, circulait sous le sol suspendu et remontait dans les murs à travers des canalisations). Des niches étaient aménagées dans chaque mur. Ensuite, la pièce a été transformée en salle froide, avec l’aménagement d’un bassin central composé d’une exèdre en demi-cercle à ses extrémités est et ouest, entrainant la suppression de toutes les installations précédemment citées.
Après le tepidarium, l’usager passait dans les salles chaudes, toutes au sud du bâtiment (afin de profiter de l’exposition au soleil), et toutes chauffées par hypocauste. La première salle (E) pouvait être une étuve sèche (laconicum), dont les exèdres sur trois de ses côtés correspondraient à des bancs de sudation. Une autre hypothèse y verrait l’emplacement de bassins, ce qui en fait un caldarium. Le dernier mur était percé de trois portes permettant d’accéder à la pièce suivante (F), chauffée par hypocauste, mais également par un foyer situé dans son sous-sol. Cette salle pourrait être une salle tiède dans laquelle s’effectuait le nettoyage de la peau (destrictarium) ou une étuve sèche (laconicum), dans le cas où la pièce E est un caldarium. Les deux dernières salles communiquaient entre elles par deux portes centrales. La première pièce (G) était probablement une salle tiède (tepidarium), reliée par un espace intermédiaire au frigidarium. La seconde (H), divisée en deux espaces, était éclairée par plusieurs fenêtres.
Après avoir transpiré dans les salles chaudes (caldaria), et s’être nettoyé la peau à l’aide d’un strigile (racloir permettant d’enlever la sueur), l’usager repassait par la salle tiède (tepidarium), pour finir dans la salle froide (frigidarium), afin de faire resserrer les pores de sa peau. Cette pièce centrale des thermes de Cluny, est également la mieux conservée, et l’unique salle thermale préservée dans son volume en France. Elle est en effet couverte par une voûte d’arête culminant à 14,50 mètres, ce qui en fait une des plus hautes encore en place dans l’occident romain. Trois de ses parois ont une niche dans laquelle était installés des bassins d’eau froide, alors que son mur nord est percé de deux portes (donnant sur les gymnases), encadrant une exèdre dans laquelle se trouvait une piscine d’eau froide (natatio). Celle-ci avait une profondeur d’environ 80 centimètres. C’est au niveau de cette exèdre, à la retombée des voûtes, que se trouve l’unique vestige in-situ de la décoration de cette salle. Le décor de deux consoles représente la proue d’un navire chargé d’armes, et sous lequel nagent des poissons. Ce thème marin n’est pas uniquement lié aux thermes, mais également au rôle joué par la corporation des Nautes dans la construction des thermes. (Regroupant les armateurs mariniers et les commerçants naviguant sur la Seine, cette corporation jouait un rôle dominant dans la vie politique de Lutèce.)
Le décor des thermes, fait de mosaïques, d’enduits peints, de placage de marbres, a dû être pillé dès l’abandon des lieux au IVe siècle. Aujourd’hui, seul un fragment de mosaïque représentant un amour chevauchant un dauphin, et un enduit mural rouge avec un liseré noir conservé dans son sous-sol, permettent d’imaginer la richesse de leur décoration. Les thermes fonctionnait sur trois niveaux retrouvés en partie: le principal au rez-de-chaussée regroupant les salles thermales, les pièces de services au sous-sol (salles techniques et bureaux de l’administration), et un réseau hydraulique enterré (comprenant l’adduction d’eau, des citernes, et les égouts).
Après leur abandon, les thermes sont probablement restés sans usage jusqu’au XIIe siècle, et la construction du couvent des Mathurins sur leur parcelle. Leur sous-sol fut sûrement aménagé en caves, et la grande salle du frigidarium utilisé comme local utilitaire. Au XIVe siècle, l’abbé de Cluny s’installa dans ce quartier qui était déjà celui des universités, et les textes de l’époque désignait parfois son logis comme le « palais des Thermes ». L’hôtel particulier qui jouxte aujourd’hui les thermes a été construit par ces abbés approximativement entre 1471 et 1500, ce qui en fait un des premiers hôtels particuliers parisiens construit entre une cour et un jardin. Cette typologie sera ensuite typique de ce type de bâtiment.
Les thermes de Cluny, en plus de conserver l’unique salle thermale encore voûtée en France, sont bordés par l’hôtel médiéval le mieux conservé de la capitale parisienne. Tout cela fait de ce site, qui accueille aujourd’hui les collections du musée national du Moyen-Age, sûrement l’un des hauts lieux de l’histoire parisienne, si ce n’est nationale.
Connaissez-vous la statue de la Liberté, également d’Auguste Bartholdi, qui domine la Seine? Et la plus vieille maison de Paris? Savez-vous qu’il ne reste qu’un jubé dans la capitale?
Au sud de Paris:
A Juvisy-sur-Orge, se trouve un étrange pont avec plusieurs arches parallèles, datant du début du XVIIIème siècle.
Dans l’église Saint-Saturnin d’Antony, vous pourrez découvrir une mosaïque datant des premiers temps chrétiens .
Envie de sortir de la région parisienne? Direction la Beauce et Chartres où vous attendent des bâtiments tout en couleur. Sur la route, pourquoi ne pas vous arrêter à Dreux, où vous pourrez saluer le dernier roi de France.
Pourquoi ne pas aller voir la la peinture contemporaine qui couvre la chapelle de l’hôtel-Dieu de la ville des abbés qui ont donné leur nom aux lieux.
Il existe d’autres thermes gallo-romains qui méritent le détour, dont ceux d’Entrammes qui occupent la nef d’une église, ou encore ceux de Saint-Père, qui ont été réalisé à côté de puits vieux de plus de 4200 ans.