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Chapelle de Bethléem (Betlémská kaple)
Betlémské náměstí 255/4
110 00 Praha, République tchèque
Sa reconstruction a été décidée après la libération du pays, par le gouvernement communiste tchécoslovaque, qui y voyait un lieu symbolique de l’histoire du pays. En effet, c’est dans celle-ci que prêchait Jan Hus, un des fondateurs de l’identité tchèque. En plus de prononcer ses sermons en tchèque, il a contribué au développement de la langue, et a défendu son emploi. Issu d’une famille pauvre, Jan Hus est ordonné prêtre en 1400 après des études en théologie et en arts libéraux à l’université de Prague, alors capitale du Saint-Empire germanique. Devenu doyen de la faculté de théologie de la ville, et en connaissance des ouvrages du théologien anglais John Wyclif, il prêcha alors la réforme de l’Église et prôna le retour à la pauvreté évangélique. Après d’autres actions de sa part, la papauté réagira en l’excommuniant, puis en le condamnant à être brûlé vif comme hérétique, lors du concile de Constance en 1415. La mort de Jan Hus entraina une rébellion, appelée mouvement hussite (d’ordre social et religieux, s’inspirant de ses thèses), et déclencha une longue guerre (ponctuée de cinq croisades). Pour les tchèques, il est donc devenu l’image de leur nation face à l’oppression catholique, allemande et impériale. L’anniversaire de sa mort est devenu un jour férié.
Bien que la chapelle de Bethléem avait été détruite plus d’un siècle avant, son état d’origine était connu grâce à de nombreuses sources (plans, dessins, peintures, textes,…), et grâce à des fouilles archéologiques menées préalablement sur le terrain. Terminée en 1954, la reconstruction de l’édifice de style gothique a été menée par l’architecte tchèque Jaroslav Frágner. Si sa structure reprend des vestiges en pierre conservés, elle est entièrement en béton. L’intérieur de la chapelle, divisé en deux nefs, frappe par son austérité. Il est seulement orné par le mobilier en bois et par quelques peintures murales, reprenant des textes hussites, ou des enluminures médiévales évoquant des scènes de la vie de Jan Hus et le concile de Constance. Enfin, le bâtiment est de nouveau relié par une passerelle à la maison du prédicateur et de l’administrateur de la chapelle, à l’ouest de celle-ci, où a vécu Jan Hus.
L’histoire de la chapelle de Bethléem remonte à son acte de fondation, signé le 24 mai 1391 par Hanuš de Mühlheim et Jan Kríž. Elle fut consacrée le même jour que la commémoration du Massacre des Innocents à Bethléem, évènement qui lui a donné son nom. Alors édifice privé, elle est essentiellement réservée au prêche en langue tchèque, tout en étant lié à l’université de Prague. Jan Hus a pris ses fonctions de prêcheur onze ans après sa fondation, et a permis à la chapelle d’acquérir une renommée, à travers ses prêches engagés. Au XVIIe siècle, un décret impérial modifia le système éducatif en Bohême, et fit passer l’édifice sous l’autorité des jésuites, qui y rétablirent le culte catholique. La dissolution de l’ordre en 1773, et des désordres apparents dans sa structure entrainèrent sa destruction par décret impérial. Les lieux ont ensuite servi temporairement à entreposer le bois, avant l’édification d’une maison de rapport qui ne sera détruite que plus d’un siècle plus tard…
Les années suivant sa reconstruction, la chapelle servit à la propagande du parti communiste tchécoslovaque, mais également à des manifestations publiques, avant d’être cédée à l’université technique de Prague, lui permettant ainsi de retrouver sa fonction universitaire d’origine.